27 juin 2013

Dans la tête d'un scientifique.


Hier, j’ai fait un rêve… Un rêve absurde et flippant à la fois. Autour de moi, tout un monde à grande vitesse. Des rails microsquelettiques maintiennent une coupole de phospholipides où sont suspendues de grosses molécules difformes. Des trous de lumière se forment et se ferment, faisant rentrer des éléments venus d’un extérieur inconnu dans la cage folle. Œuvre d’un Gaudi en plus fou encore. D’énormes vaisseaux, type Star Trek, bouffent des nucléotides et recrachent des filets de bave protéique que j’esquive d’un pathétique bond sur le côté. Des navettes transportent des petits bonshommes à la réutilisation, vers des stations qui entrent en fusion dans un jet de lumière fluo ou à l’épuration : éjectés à l’extérieur, messieurs, game over.

A ma droite, un champ d’une espèce mouvante et gluante, poussant et se rétractant à l’infini me fait tomber la tête la première sur un gros haricot énergétique d’où fusent des protons H+ comme du popcorn d’un micro-onde. C’est là que j’aperçois le cœur. Énorme et rouge, battant la pulsation, percé de nombreux trous de fumée, au centre de cet incroyable trafic. C’est aussi excitant que le meilleur film de science fiction en 3D, c’est aussi psychédélique que l’a été le Woodstock de nos parents hippies, c’est aussi planant qu’un mix de James Blake, c’est aussi envoûtant qu’un rite vaudou : c’est complètement dingue.

Des cellules souches embryonnaires, créées par des chercheurs américains. Alors, œuf sur le plat ou sombrero ?

Réveil. L’impression d’une nuit trop longue et agitée. L’impression d’avoir fait un voyage dans le temps et l’espace. J’analyse. Je recherche. Merci Internet. Et j’y suis : cet étrange endroit où j’ai passé ma nuit blanche, c’est une cellule. La cellule : le plus petit élément vivant, indépendant et reproductible. Ça ressemble très peu aux schémas calamiteux de notre prof de sciences naturelles (les cellules y sont représentées par un cercle abritant un autre petit cercle. Interprétation : œuf sur le plat ou sombrero ?). 

Et si en fait les sciences, c’était cool ? Du moins, vraiment intéressant ? Et si ça nous concernait tous ? Etudiant en droit, en informatique, en maths, en langues, perdu à la fac ou en écoles, auto-entrepreneur à la recherche d’une idée brillante, bref, spectateurs du monde au quotidien. On a tous feuilleté Sciences et vie junior et expliqué fièrement au déjeuner familial que « l’huile, ça flotte », ou arraché la télécommande des mains d’une petite sœur pleurnicharde pour regarder C’est pas sorcier. Aujourd’hui, alors qu'on ne parle plus qu’en termes d’ultra-performance du corps, d’intelligence artificielle, de thérapeutique miracle, pourquoi ne pas nous y intéresser de plus près ?

Cette expérience m’a piquée d’une nouvelle lubie : aller voir comment ça marche là-bas, chez les gens qui traficotent des tubes à essais multicolores, des boîtes de pétri et des rats en cage. Découvrir les sciences et les scientifiques. Décrypter le langage codé des publications, casser le stéréotype du chercheur à lunette et comprendre les sciences de laboratoire. Si ça vous tente aussi, rendez-vous la semaine prochaine pour un premier article !

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