10 février 2012

Petit décryptage de la stratégie sarkozyste en ces temps de campagne électorale.


Depuis quelques mois, la stratégie du Président-Candidat pensée par Patrick Buisson (déjà responsable en 2007 de la stratégie de "récupération" des électeurs de Jean-Marie Le Pen) est critiquée de toute part, notamment en raison de son apparente inefficacité. Plus l'UMP et le gouvernement vont chasser sur les terres du FN à force de discours populistes à forte connotation "extrême droite", plus Marine Le Pen monte dans les sondages. L'échec s'avère cuisant puisque les sondés semblent préférer l'original à la copie et ne s'en cachent pas. Face à ce constat, Nicolas Sarkozy paraît avoir abandonné cette stratégie et cherche désormais à incarner la figure du Président Courage, qui n'a pas peur d'être impopulaire et se refuse à tout populisme (notamment fiscal et social).

Seulement, un sondage réalisé par IFOP pour Paris Match, placé en Une du JDD du 1er février, redonne du lustre à cette stratégie : en cas d'absence de Marine Le Pen au premier tour de l'élection présidentielle, Nicolas Sarkozy verrait son score majoré de 8,5 points à 33%. Il ferait ainsi jeu égal avec le favori, François Hollande (qui l'emporterait cependant au second tour avec 56% des intentions de votes contre 44% pour le Président-sortant). Nicolas Sarkozy serait, semble-t-il, devenu le candidat de substitution pour l'extrême droite.

Nicolas Sarkozy en janvier 2011 au Forum de Davos
Il s'agit cependant d'un coup de poker dangereux, puisqu'il s’appuie sur l'hypothèse que Marine Le Pen n'obtiendrait pas les 500 parrainages que son père, disposant pourtant d'une image moins lisse, est parvenu à recueillir en 2002 et en 2007. Il est aussi intéressant de questionner le report des intentions de votes de Marine Le Pen sur Nicolas Sarkozy. Si l'on en croit les sondages, les intentions de votes pour Marine Le Pen se reporteraient avec une forte déperdition sur Nicolas Sarkozy (il n'en gagne que 8,5 points, alors que la candidate du FN était créditée de 19%). Il est possible que le noyau dur des électeurs frontistes, resté fidèle en 2007 (le FN totalisant 10,44% des voix à l'issue du 1er tour), soit davantage porté à l’abstention qu'à voter Nicolas Sarkozy. Qu'advient-il alors des déçus de Nicolas Sarkozy ? Ceux qu'évoque si souvent Marine Le Pen seraient-ils prêts à voter de nouveau pour Nicolas Sarkozy en 2012 ?

La menace qui plane sur la candidature de Marine Le Pen pose une autre question : est-il normal dans un pays démocratique que le Front National, qui apparaît depuis plusieurs élections comme la troisième force politique du pays, soit exclu de cette élection ? Ne faut-il pas, comme le prônent Marine Le Pen ou Nathalie Arthaud, transformer ces parrainages par des élus en parrainages citoyens ? François Hollande, favori des sondages, y est favorable tout en prévenant qu'aujourd'hui, en février 2012, il est trop tard pour faire ces changements. Nicolas Sarkozy pour sa part s'oppose à l'anonymat des parrainages sans plus de précision. Interrogé le 29 janvier sur les difficultés que Marine Le Pen a (ou dit avoir) à rassembler les 500 parrainages, Nicolas Sarkozy a dit : "Vous ne voulez quand même pas que je m'occupe d'elle !"

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