16 juin 2013

Iran : l'enthousiasme électoral retrouvé.


Les élections iraniennes amènent toujours leur lot de surprises et celle-ci n'a pas dérogé à la règle. En effet, nombreux sont les experts à avoir donné des prédictions pessimistes et peu nuancées sans savoir qu'elles serait invalidées au fur et à mesure. Samedi 15 juin, en début de soirée, le ministère iranien de l'intérieur annonçait officiellement les résultats : Hassan Rouhani, 64 ans, religieux modéré soutenu par les réformateurs, avait rassemblé sous son nom 18 613 329 bulletins, soit 50,71% des voix et suffisamment pour être élu président de la République islamique d'Iran dès le premier tour. Le taux de participation constitue la seconde surprise : malgré la défiance des Iraniens après les présidentielles de 2009 où la répression avait été féroce et les fraudes massives, 72,7% des inscrits se sont rendus dans les bureaux de vote. Tour d'horizon de l'événement en images.

Avant le scrutin


Le message "je vote" a commencé à fleurir sur les réseaux sociaux afin de 
revendiquer une attitude citoyenne. Le vert rappelle la contestation de 2009.

Paradoxe dans un pays où internet est très contrôlé : le guide, des hommes politiques
éminents et les candidats ont un compte Twitter alors même que ce site
est inaccessible sans moyen de détournement (VPN ou proxy).

La clef et le ruban violet, les deux symboles de la campagne de Rouhani
distribués à ses militants pendants ses meetings.

Rue Ferdowsi dans le centre de Téhéran, les forces de police anti-émeutes prennent
position pour contenir l'enthousiasme des partisans essayant de mobiliser
leur concitoyens à la veille du scrutin.


Durant le vote, vendredi 14 juin


Les internautes ayant voté arborent désormais ce message,
"j'ai voté", avec l'empreinte du doigt trempé dans l'entre.

Petite frayeur pour les équipes de campagne de Rouhani :
dans certains bureaux de vote, le nom du candidat réformateur Aref
était toujours inscrit sur les listes alors qu'il s'était désisté la veille.

Des photos de doigt trempé dans l'encre avec le bulletin sur lequel l'électeur
a écrit le nom de son candidat (souvent Rouhani) ont fleuri sur la toile.

Image symbole qui a beaucoup été reprise par tous les médias.
Une femme vote, elle semble ne pas porter de foulard sur la tête malgré les obligations
vestimentaires : un semblant de liberté habituellement laissé en période électorale.

Comme un dernier pied de nez envers le système qui l'a méprisé et marginalisé,
Ahmadinejad s'est rendu aux urnes moins d'une heure avant la fermeture des bureaux.

On votait aussi à l'étranger dans les représentations consulaires ou, comme ici à Londres,
au consulat d'Oman qui représente les intérêts de la République islamique outre-manche
depuis l'arrêt des relations diplomatiques en décembre 2011.


L'attente, l'espoir et l'humour des réseaux sociaux


Les rues se remplissent spontanément dans l'attente des résultats.
Ici, l'avenue principale de Shiraz (cinquième plus grande ville).

Alors que la lassitude d'attendre les résultats se fait sentir dans la nuit, une nouvelle
illustration pleine d'humour apparaît : « j'ai voté, compte maintenant ! »

Dans l'attente des résultats, les Iraniens se souviennent des présidentielles de 2009 et rendent
hommage à Mir Hossein Moussavi, candidat malheureux qui avait dénoncé les fraudes et
toujours en maison d'arrêt aujourd'hui. Les internautes craignent que le régime récidive.

Mais une certitude : Ahmadinejad ne sera plus président, un besoin soudain
de dérision se fait sentir ! Dans la rue on entend « Bye bye Ahmadi ».

Parodie de l'affiche du film The Expendable : pourquoi ne pas se moquer de tous les politiques ?

Les résultats, enfin..., samedi 15 juin


Presque vingt heures après la fermeture des bureaux de vote et le début de la publication des résultats au compte-
goutte, les tendances se confirment : Hassan Rouhani est élu dès le premier tour avec 50,71% de voix.

Et la toile de continuer ses créations parodiques.

Au même moment, c'est une joie immense qui s'empare de la population. Jeunes et moins jeunes
se réunissent dans divers quartiers de Téhéran et de toutes les villes iraniennes. Même à Mashhad,
la ville Sainte de Khamenei, les gens se rassemblent, dansent, chantent et expriment leur joie.

Telle une finale de coupe du monde, les artères principales sont remplies.
Des centaines de milliers de Téhéranais se retrouvent, notamment sur Valiasr,
l'avenue la plus longue de Téhéran qui traverse la ville du nord au sud.

Les scènes de liesse populaire fleurissent partout, les journalistes soulignent les rapports cordiaux
entre les forces de l'ordre et les manifestants. Pendant que la population manifeste dans la paix et la
liberté à Téhéran, des Stambouliotes subissent les gaz lacrymogènes de la police place Taksim.
Qui aurait pu le croire il y a ne serait-ce qu'un mois ?

Dans cette ambiance festive, nombreux sont ceux qui se souviennent de la répression de 2009.
Chacun a perdu un proche, un ami, une connaissance. Cette victoire populaire leur est dédiée.
Des bougies symbolisent le recueillement et le souvenir de ceux qui ont donné leur vie pour l'espoir.


« Neda, ta place est vide » - en hommage à Neda, cette jeune manifestante
tuée par un sniper lors de la manifestation post-électorale de 2009 et dont
la vidéo de la mort avait fait le tour du monde.

Dernière peinture de la série verte :
« nous avons gagné ! »

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