10 février 2007

[Avis lycéen] Continuons le combat pour les plus démunis.


En Janvier 1945, alors que la France est touchée par une vague de froid sans précédent, une femme âgée et un bébé meurent gelés dans la rue en région parisienne. Le 1er février, un homme interpelle le gouvernement et lance à la radio un véritable appel au secours auprès des français. Puisque l'état, fragilisé par la guerre, fait la sourde oreille, pour l'abbé Pierre, il ne reste qu’un recours : l'appel au peuple. La société se mobilise, des plus pauvres aux plus riches, on affiche son soutien aux sans-logis et on envoie des dons de toutes sortes (Aliments, vêtements, couverture) mais aussi des sommes parfois folles (comme les 2 millions de anciens francs qu’offre Charlie Chaplin à l’association) permettant la création de centres d’hébergements et de nombreux logement.

Cet homme au grand cœur, ancien résistant et élu député à la libération, s'en est allé à l'âge de 94 ans des suites d'une infection pulmonaire. Les réactions émues se sont multipliés dans toute la France et un hommage national lors de ses funérailles à la cathédrale Notre-Dame a été organisé. Pour tous le meilleur hommage que l'on puisse lui rendre est de continuer le combat de toute sa vie, la défense des mal-logés et des sans abris. En effet son appel "historique", ainsi que la création de la fondation d'Emmaüs en 1949 (qui œuvre en continu pour secourir les sans-abris depuis plus de 58 ans) ont fait évolué les choses en France. Les S.D.F. existent toujours et le passage au nouveau siècle n'y a rien changé... En 2007, uniquement en France, cent mille personnes sont SDF, près d'un million sont privées de domicile personnel et trois millions vivent dans des conditions de logements difficiles. Pour la grande majorité de la population active, il devient aujourd'hui difficile de louer un logement et dans le cas des chômeurs, c’est mission impossible ! Ce constat est à mettre en rapport avec les résultats d’un sondage (datant de décembre 2006) révélant que près d’un français sur deux pensait pouvoir se retrouver un jour sans domicile fixe. Plus grave encore, 30% des sans domicile fixe ont un emploi mais ne gagne pas assez d’argent pour pouvoir se loger, ou alors ils logent dans des conditions précaires. Heureusement le combat contre les mauvaises conditions de logements, ou même l'absence de logements, a récemment retrouvé de son superbe grâce à l'action des Enfants de Don Quichotte, qui il y a encore quelque mois étaient inconnus du grand public.

Les membres de cette association ont établi un campement de tentes « Quechua », célèbres par leur facilité d’installation, sur les rives du Canal Saint-Martin. De nombreux SDF s’y s’ont installé et Augustin Legrand, porte-parole de l’association appelle les « bien-logés » à venir partager le temps d’une nuit, le quotidien des SDF. Cette idée germe dans l’esprit des frères Legrand et leurs proches, qui avait envie d’aller au-delà des « demi-mesures » du gouvernement et d’interpeller l’opinion sur leur combat pour la défense des sans-abri. A trois, ils bivouaquent dans Paris et sympathise avec des sans-logis. Ils récupèrent leurs témoignages sous forme de vidéo mises en ligne sur divers sites. Rapidement la bouche à oreille fonctionne et des messages de soutien affluent. Les Enfants de Don Quichotte contactent la presse, les informant qu’un campement sera établi sur la place de la Concorde. Le 2 décembre, l’association arrive sur place et sont aussitôt sommé de déguerpir. Le 19 décembre, ils décident donc de s’installer « à l’arrache » le long du Canal Saint-Martin à la vue de tous les parisiens.

Cette initiative apporte du « sang neuf » au mouvement et au combat lancé par l’abbé Pierre, qui semble t-il sera poursuivi, comme le déclare Jean-Baptiste Legrand, un des fondateur de l’association, qui a rendu hommage à l’abbé Pierre, rappelant qu’il « faut continuer la lutte ».

Dès lors l’association ne cesse d'être courtisée par la presse française et étrangère et cette action semble être accompagnée d’une véritable prise de conscience du gouvernement et chez les candidats à la présidentielle de 2007. Monsieur Borloo, ministre de l'Emploi, de la Cohésion sociale et du Logement a en effet installé une cellule de crise placée sous la direction de Madame Vautrin et débloqué des centaines de places d'urgence. Cependant, pour l'association des Enfants de Don Quichotte, l'ouverture de gymnases et de campements de l'armée en grande banlieue n'est pas une solution puisque « les conditions pour la restauration de la dignité et de l'espoir n'y sont pas réunies » et qu’elle n’offre pas de réelle solution d'hébergement durable. L’association propose donc l’ouverture d’urgence de structures d'hébergement « à taille humaine, respectant l'intimité, dotées de travailleurs sociaux en nombre pour permettre l'accompagnement de chacun vers un logement adapté ». Sans la multiplication de tels espaces à proximité des lieux de vie des sans-abri, celle-ci estime que « la mobilisation des autorités restera de la poudre aux yeux ».

Le gouvernement a réagit à cette action, en prenant de nouvelles mesures en faveur des SDF et en rédigeant un projet de loi sur le droit au logement opposable que Jacques Chirac a présenté comme « un progrès social tout à fait considérable » Le texte prévoit que l’État garantira la « mise en œuvre » de ce principe (possession d’un logement) « à toute personne qui, résidant sur le territoire français de façon régulière (...), n'est pas en mesure d'accéder [à une habitation] par ses propres moyens ou de s'y maintenir ». Une « commission de médiation » sera crée et sera chargée d'examiner la situation des ménages sans domicile, mal logés ou dont la demande de HLM n'a pas abouti après un délai « anormalement long ». Le Sénat a adopté jeudi dernier ce projet de loi qui est la réponse du gouvernement au mouvement lancé en janvier par le mouvement "les enfants de Don Quichotte" en faveur des sans domiciles fixes. Les socialistes ont déposé un amendement qui prévoit un bilan de la mise en œuvre du numéro unique de demande du logement social. Néanmoins, cette loi, ne pourrait être efficace, que si des logements sont à des prix faibles sont disponibles.

De plus, le gouvernement s’est engagé à trouver des solutions de relogement aux 250 sans-abri installés au Canal Saint-Martin et a appelé à la levée des tentes. Mais des dizaines de personnes continuent chaque jour de venir chercher refuge dans le campement.

Ségolène Royal propose le 19 janvier 2007, la construction de 120 000 logements sociaux par an et une réquisition par l’État des terrains constructibles. De plus, tout programme de construction neuve « devra comporter une part de logements sociaux ». Les terrains appartenant à l’État « seront mis en vente pour les collectivités locales qui veulent faire des logements à moitié prix de celui du marché ». L’État apportera « sa garantie aux plus modestes » et dans le cas d’un problème de payement liés à un accident de l’emploi (perte d’un emploi …), l’État prendra en charge le loyer. Les aides au logement seront revalorisées et des « crédits bon marché » seront mis en œuvre.

De son coté la Ville de Paris a annoncé mercredi son intention d’acquérir l’immeuble occupé au 24, rue de la Banque, à Paris, par des associations de défense des mal-logés depuis le 31 décembre pour le transformer en logements sociaux.

Nicolas Sarkozy, membre du gouvernement et candidat, a proposé des prêts à l’accession au logement pour permettre par exemple aux locataires en HLM de devenir propriétaires, ainsi que la création d’un « crédit d’impôt sur les intérêts des emprunts immobiliers pour permettre à tous les jeunes ménages de mieux démarrer dans la vie. » Il est utile de rappeler que malgré la loi Solidarité et renouvellement urbain (SRU), votée en décembre 2000, qui impose aux communes de plus de 3 500 habitants de posséder 20% de logements locatifs sociaux, que certaines villes comme Neuilly-sur-Seine (dont le maire n’est autre de Nicolas Sarkozy) ne possèdent que 1,34% de logements sociaux (d’après une étude réalisé en collaboration avec la Fondation Abbé Pierre par l’hebdomadaire La Vie) ce qui est le taux le plus bas pour une ville de cette importance.

Article publié dans l'Avis Lycéen (février 2007) du Lycée Gérard de Nerval (77).

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