31 octobre 2013

Dans l'objectif : Booka Shade.


Booka Shade / A gauche:Walter Merziger - A droite: Arno Kammermeier
LPO était pour vous au festival électro de l'Ososphère à Strasbourg. Que du beau monde, entre Fat Boy Slim, Kavinsky, Laurent Garnier, Yuksek ou encore Booka Shade qui nous a accordé une interview. Ce groupe, figure majeure de la scène électro allemande, sortira le 1er novembre son nouvel album EVE. Si le plaisir était au rendez-vous pour le public, les deux compères de Booka Shade, Arno Kammermeier et Walter Merziger ne semblent pas en reste. Avec le sourire aux lèvres, ils prennent un malin plaisir à faire bouger les têtes ! Après ce concert qui secoue on comprend mieux comment le groupe arrive à donner autant d’énergie positive sur ces lives. C'est donc l'occasion de revenir sur ce groupe parfois méconnu en France. Pour débuter, retour en musique avec un morceau qui a propulsé Booka Shade sur le devant de la scène.

Booka Shade  - Charlotte



LPO: Votre nouvel album sort le 1ernovembre, trois ans après le dernier opus More, que s'est-il passé pendant ces années ?


Arno: Qu'est-ce qu'il s'est passé...(rires) On a travaillé sur notre album pendant un bon moment. En fait, ce n'est pas comme si on avait été aux Caraïbes sur deux ans et demi puis une fois revenus réalisé l'album. C'était un long processus d'écriture de chansons pour trouver à la fois la bonne voie et le bon style. Car c'est le 5ème album et il y a l’histoire de Booka Shade comme acte instrumental. A la différence d'un groupe, quand vous avez un chanteur vous pouvez modifier la musique et le chanteur gardera le son uni s'il a une voix remarquable, mais avec l'instrumental vous devez trouver la musique elle-même, et elle doit raconter une histoire et peut dans un sens apporter le style. Ainsi, nous avons cherché à ne pas nous répéter mais à toujours sonner comme du Booka Shade et cela a pris du temps et c'était parfois assez douloureux pour nous.

LPO: Qu'apportez-vous avec ce nouvel album et qu'est-ce que voulez-vous exprimer en plus par rapport aux autres albums?

Walter: Nous avons eu une grosse crise pour être honnête, c'était très dangereux pour le projet tout entier. Nous ne savions plus quoi dire et c'était comme un vide. Nous avions des chansons écrites mais ce n'était pas suffisamment convaincant pour nous. Et nous avions déjà une tournée réservée et nous avions joué au Coachella Festival (Californie, États-Unis), dans des festivals en Amérique du Nord et du Sud et en Australie sans avoir aucun album mais ceci n'était pas bon pour nous. Nous avons donc mis tout l'album à la poubelle et nous nous sommes dit, « Ok, recommençons encore ». Mais ce n'était pas la production, tout n'est pas venu ensemble, ce fut un processus très difficile. Puis, nous avons trouvé cet endroit à Manchester, un studio très sympa, nous pouvions enregistrer avec des vraies batteries, des batteries acoustiques. Le bâtiment, enfin la maison entière, est un lieu rempli d'objets étranges et des équipements les plus fous, on pouvait dormir ou manger là-bas, nous n'avons donc pas quitté la maison pendant un bon moment, c'était une expérience géniale. Nous avons aussi retrouvé une unité, on s'est ressenti de nouveau comme un groupe comme on l’a dit dans le documentaire que l’on a tourné et ce fut une véritable bonne expérience. On a réalisé « Ok, on va vers la bonne direction, c'est clair maintenant » et bien-sûr à la fin nous avons modifié quelques chansons que nous n'avions pas produites dans ce studio mais elles sont sorties de cette atmosphère, tout recommençait à rouler et à redevenir naturel.



LPO: Pensez vous que vous avez eu une l'influence de « Madchester» 1 ?



Vue extérieure de l'Haçienda
Walter: C'est identique quand vous jouez à Seattle, à Manchester, ou à Londres, tous ces lieux légendaires. D'abord quand nous nous balladons dans une ville, c'est toujours quelque chose que nous regardons naturellement. Bien-sûr, nous avons cherché où était l'Hacienda, elle n'existe plus. C'est un bâtiment industriel avec des appartements maintenant, il y a reste juste une petite plaque indiquant l'Haçienda. Il y a une certaine énergie, c'est un peu à l'extérieur de Manchester. C'est le temps, c'est l'atmosphère en Angleterre, c'est ce sentiment général qui est différent mais je ne suis pas sûr qu'il y ait un sentiment « Manchester » dans l'album. Mais je pense que le studio où nous avons enregistré est un lieu spécial et à une certaine atmosphère et magie, peut-être que ça vient de Manchester, je ne sais pas...

1: Madchester désigne un mouvement musical mélangeant house et rock des années 1980 et 1990, basé à Manchester et est la contraction de «Mad» (fou en anglais) et de la ville Manchester. Le club de l'Haçienda est le symbole de cette époque faisant émerger avec le label Factory Records des groupes tels les Stones Roses ou Happy Mondays.


LPO: Cela va faire quelques mois que vous êtes en tournée, y avec-vous déjà testé le nouvel album ?

Arno: Pour être honnête, ce soir c'est le dernier concert de notre ancien tour, originellement ces shows nous pensions que nous les ferions en DJ set et puis nous avons décidé de le faire en live. C'est donc la fin d'une ère. C'est le vieux set que nous jouons et nous avons essayé pas mal de nouvelles chansons en DJ set, lesquelles nous allons utiliser dans le nouveau show. Tout ce temps nous travaillions notre album c'est la chose intéressante avec le « DJing », c'est que vous pouvez prendre une chanson de dance ou de club, vous pouvez la prendre et l'essayer en DJ set et puis continuer le travail. Le nouveau show débutera à Amsterdam à l'ADE (Amsterdam Dance Event), mi-octobre. Ce Tour a été fait car nous n'avions pas d'album. Nous avions réservé la tournée européenne et américaine. Nous nous demandions « qu'est-ce qu'on peut faire ? ». C'est le « No Album Tour » (rires).
1ier titre du nouvel album - Love Inc



LPO: Quel est votre point de vue sur la scène Berlinoise, perçue comme la capitale électro ? Et que pensez-vous de la scène allemande ? Vous avez notamment travaillé avec Fritz Kalkbrenner, figure de l'electro.


Fritz Kalbrenner sur sa pochette d'album
Arno: Fritz Kalkbrenner c'est donc le chanteur qui a collaboré pour une chanson que nous avons enregistré, il y a presque deux ans. C'est parce qu'il a demandé un remix de la chanson que nous nous sommes dit « Ok, on fait le remix et en retour pourquoi tu ne chanterais pas pour nous ? » et c'est ainsi que la coopération a commencé, entre l'enregistrement de son second album et sa tournée, et la chanson sort en novembre.
La scène berlinoise, bien, ça c’est un sacré thème. Partout où vous allez dans le monde, les gens demandent « d'où vous venez? De Berlin », tout le monde dit, « bien sûr ça doit être...». Cela a une longue histoire, nous ne sommes par originellement berlinois nous avons habité à Franckfort et nous avons vécu et grandi à Sarrebruck. Et bien-sûr Berlin est devenue une capitale de l'électro et plein d'artistes du monde entier sont venus car le coût de la vie est bas et pendant longtemps il y avait beaucoup de places libres où les gens pouvaient faire des choses dans des entrepôts ou d'autres lieux. Cette époque se termine car les prix augmentent, donc les loyers aussi mais ça été pour longtemps un paradis pour les artistes et plusieurs labels.




LPO: Nous sommes actuellement sur un Festival français, c'est un moyen de parler de la scène éléctro française, que pensez vous de cela et quels sont vos contacts avec la France?


Arnaud: Kavinsky, on l'a rencontré sur notre tournée en Australie et on l'a d'ailleurs salué en arrivant ici. Nous devons, que nous avons croisé ces artistes dans différents pays car nous avons eu pas mal de succès quand on a commencé en France. Bon je commence avec le principal artiste que l’on connait, Laurent Garnier et qui est depuis longtemps une inspiration, et c'est un gars qu'on voit régulièrement sur les festivals et un peu partout. Quand nous avons commencé avec Booka Shade en 2004-2005, on jouait en France assez souvent, on a fait des bons concerts à Paris et dans le sud de la France, c'était avant que les Daft Punk reviennent et juste un peu avant l'arrivée de Justice. Tout ces gars étaient si énormes, que l’on s’est dit qu'il n'y avait plus de places pour nous, nous sommes donc restés à l'écart pendant un moment. A chaque fois où nous sommes venus à Paris c'était génial. Nous nous sommes sentis super et il y avait aussi beaucoup de personnes mais il semblait que l'époque n'était pas propice. Maintenant, nous recevons des retours sur le nouvel album et que c'est sans doute le bon moment pour revenir en France et tu vois la semaine dernière on a joué à Lille, maintenant à Strasbourg, puis nous ferons Marseille, puis Paris, il y a donc une série de shows en France à venir et pour nous c'est génial. Sans rire, mais nous apprécions beaucoup le pays car nous avons vécu très près de la France. Le sentiment est donc là, on espère faire plus de shows.



LPO: Vous avez pu jouer sur cette tourné avec Depeche Mode, un groupe qui reste pour vous une référence, qu'avez-vous ressenti ?

Walter: On avait déjà joué avec eux en 2006 à Berlin. On a trouvé Booka Shade plus ou moins comme un groupe de live. On a fait la première partie de Depeche mode en 2006, j'étais sans voix et ce n'est pas très souvent le cas, nous avons eu la chance de jouer avec eux de nouveau à Tel Aviv et ils nous ont traité comme un prince ou un roi , c'était vraiment sympa. Puis, on a fait un long test de son et un bon concert d'une heure, et ils ont commencé à jouer immédiatement après et c'était vraiment réellement bien. Il y a une sorte de connexion entre notre son et la musique que nous faisons et les fans de Depeche Mode. Ça a donc été très bien, on a eu un concert génial et on a pu jouer dans une salle pleine avec 40 000 personnes car c'était très proche du concert de Depeche Mode, tout le monde était là, une super expérience.



Merci au groupe pour l'interview et à toute l'équipe pour la logistique- LPO


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