28 janvier 2013

Au Mali, les Touaregs pourraient revenir sur le devant de la scène.


Le 14 janvier 2013, France 24 révèle que les Touaregs du Mouvement National de Libération de l'Azawad (MNLA), actifs militairement au nord du Mali au début de la crise, « ont annoncé leur soutien à l’armée française pour lutter contre les groupes islamistes armés dans le nord du pays ». Cette annonce, qui peut sembler réjouissante et encourageante de prime abord, constitue un véritable retournement de situation. Au début de l'année 2012, les rebelles touaregs ont d’abord réclamé l’indépendance avant de se résigner à la seule autodétermination du nord, appelé « Azawad ». L'aide militaire que le MNLA propose à la France n'est donc pas désintéressée : les Touaregs demandent la signature d'un accord avec Bamako afin de déterminer le statut administratif de la région une fois les islamistes délogés. Si la France accepte la proposition du mouvement touareg, les cartes pourraient être redistribuées aux dépens du gouvernement malien .

En janvier 2012, des membres du MNLA attaquent des camps militaires maliens, déclenchant le début des hostilités avec Bamako. Les insurgés s'emparent de plusieurs villes jusqu'à proclamer l'indépendance de l'Azawad en avril 2012, après la prise de Douentza. Cette déclaration n'est reconnue ni par Bamako ni par la communauté internationale. Chassé par les groupes islamistes armés, le MNLA perd finalement le contrôle du nord. Evincés de la scène militaire depuis plusieurs mois, les Touaregs cherchent désormais à se faire entendre. 


Carte du Mali. 

Le MNLA n'est peut-être pas aussi bien équipé militairement qu'il le prétend. 

Moussa Ag Assarid, l'une des figures de premier plan du groupe touareg, a récemment déclaré que  le MNLA dispose « des hommes, des armes et surtout de la volonté de venir à bout du terrorisme dans l'Azawad ». Certains se méfient toutefois de ces affirmations, comme le ministre malien des affaires étrangères, Tieman Coulibaly, pour qui les rebelles du MNLA « n'existent plus militairement », marginalisés depuis leur éviction du nord par les groupes islamistes, aux mois de juin et juillet 2012. 

Même s'il est difficile, pour l'instant, de connaître la nature et la qualité réelles des équipements militaires dont dispose le MNLA, il n'en demeure pas moins qu'il constituerait un renfort humain de taille. D'après France 24 les Touaregs représenteraient « plus de 10 000 combattants ». En plus d'être nombreux, les membres du MNLA revendiquent leur connaissance du terrain. Il s'agit d'un véritable atout qui permettrait aux forces françaises de gagner en rapidité et en efficacité. 

L'aide proposée par le MNLA n'est pas désintéressée.

Si les Touaregs proposent leur aide à la France, ce n'est ni par altruisme ni par solidarité internationale. Dans un communiqué publié sur son site internet, le 13 janvier 2013, le mouvement énonce ses conditions : l'armée malienne ne doit pas « franchir la ligne de démarcation entre l'Azawad et le Mali » tant qu'aucune solution politique n'a été trouvée entre les deux parties. « Le MNLA [ne] s'impliquera pour le succès des opérations de lutte contre le terrorisme » que si Bamako respecte sa demande.

Il semblerait que les Touaregs, écartés de la scène militaire depuis plusieurs mois, cherchent à tirer profit de la déstabilisation du régime malien. Une intervention armée du MNLA pourrait conduire Bamako à faire des concessions. Une fois les islamistes chassés, le gouvernement malien pourrait perdre sa mainmise sur le nord, qui serait alors récupéré - au moins administrativement - par les Touaregs. Bamako a donc des raisons de s'inquiéter d'un retour de la coalition touareg sur la scène politique. 


Touareg du Mouvement National de Libération de l'Azawad (MNLA). 

Une alliance dérangeante pour Bamako.

Même s'il n'y a pas eu de réponse officielle du gouvernement à la récente proposition du MNLA, il est difficile d'imaginer que Bamako change d'avis par rapport au début de la crise. Depuis le début, le gouvernement malien considère le mouvement touareg comme étant à l'origine des troubles qui agitent le pays : en s'emparant de plusieurs villes du nord et en repoussant l'armée malienne vers le sud, au début de l'année 2012, le MNLA a effectivement ouvert la voie à l'implantation de l'islamisme dans la région. 

On ne sait, pour l'instant, si cet argument suffira à peser en faveur du maintien à l'écart du MNLA dans la résolution du conflit. Malgré le soutien logistique de certains de ses alliés occidentaux, la France pourrait avoir besoin de renforts humains. Rappelons que l'objectif de l'hexagone est « la reconquête totale du Mali », comme l'a affirmé le ministre français de la Défense Jean-Yves Ledrian le 20 janvier 2013.  

Le MNLA trouve des interlocuteurs.

En alliant leur forces, les troupes françaises et les combattants du MNLA pourraient alors accélérer la reconquête de l'Azawad. La France n'a d'ailleurs pas tout à fait exclu de répondre favorablement à la proposition du MNLA de combattre les djihadistes à ses côtés. C'est en tout cas ce que Jean-Yves Le Drian, a laissé entendre en déclarant : « les Touaregs sont nos amis », sur France 24. Ce message de la France semble encourageant pour le MNLA. 

Mais le gouvernement français n'est pas le seul interlocuteur du mouvement touareg. Le quotidien algérien El Watan, révèle que le député européen François Alfonsi a organisé une table ronde pour discuter de l'Azawad, le 26 janvier 2013. Le député se prononce clairement en faveur d'une intervention armée du mouvement. C'est, selon lui,  la « voie stratégique la plus raisonnable, tant pour gagner le conflit qui s'engage que pour éviter un embrasement général dans toute la région »

Allié potentiel de la France et bête noire des autorités maliennes, le MNLA cherche à tirer son épingle du jeu. En aidant les troupes françaises au sol, le mouvement touareg pourrait accélérer la réalisation des objectifs français. En parallèle, une intervention armée des touaregs pourrait poser problème aux autorités maliennes. Si la France accepte la proposition d'aide du MNLA, le Mali pourrait ne pas retrouver son intégrité territoriale complète après le départ des islamistes. La question reste en suspens. 

1 commentaire:

  1. j'encourage le MNLA car il se bat pour le dévéloppement de la deuxième partie du Mali"AZAWAD";sinon,la politique du SUDMALI ne pense qu'à elle d'abord!

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