Les premiers effets de l'ouragan Sandy commencent à se faire sentir dans l'Etat de New York. L'un de nos journalistes, Valentin Graff, étudiant à Québec, est sur place. Etant données les circonstances exceptionnelles, nous présenterons ici pendant les quelques jours à venir un récit de son voyage.
Mardi 30 octobre, 21 heures à New York, 2 heures du matin en France.
Le wifi du YMCA où nous logeons a rendu l'âme hier soir, juste après que j'ai publié l'article précédent. En direct depuis l'Astor Row Cafe de Harlem : nous sommes vivants ! En bref, Sandy a soufflé toute la nuit à travers l'interstice de notre fenêtre mais commence à s'éloigner de New York. Dans Harlem, les gens reprennent possession des rues, les voitures et les bus circulent de nouveau. Ce n'est pas le cas des métros qui resteront à l'arrêt encore quelques jours, selon le maire Bloomberg et des policiers interrogés ça et là.
Tous nos rendez vous de la journée ont été annulés. Nous n'aurons pas eu la chance de visiter les locaux de Sixty minutes, émission phare de CBS, ni de visiter ceux du Harper's Magazine, magazine new-yorkais publié depuis 1850. Demain, départ pour Washington si les bus reliant les deux villes sont maintenus. Le café ferme ses portes, see you asap.
Lundi 29 octobre, 18 heures 30 à New York, 22 heures en France.
Nous avons finalement décidé de marcher pour nous rendre au siège new-yorkais d'Associated Press (AP). Depuis Harlem, où nous sommes logés dans une vieille auberge de jeunesse appartenant au YMCA [Young Men Christian Association, un mouvement de jeunesse], nous avons donc rejoint puis longé Central Park par son côté est. Les rues sont presque désertes. Le vent n'est pas encore trop fort et la pluie est légère. Après avoir marché une heure et demie, nous nous rendons compte que nous ne pourrons pas atteindre le lieu de rendez-vous à temps et prenons un taxi.
Un drapeau américain presque arraché par le vent (© LPO). |
Voici une photo de la grue qui s'est effondrée (© LPO). |
Les rafales deviennent de plus en plus violentes. Nous avons parfois du mal à continuer à avancer et pressons le pas. Sur le chemin, nous observons les préparatifs des New-Yorkais pour l'arrivée de Sandy. Les queues aux caisses des supermarchés sont longues. Les ouvertures menant aux sous-sols sont calfeutrées. Des gens sont sur leur perron pour observer les passants pressés et le vent qui secoue les arbres de Central Park. Le sol est jonché de branches brisées et de feuilles encore vertes.
Après deux longues heures de marche, nous arrivons enfin au YMCA, trempés. Dans la salle commune où le wifi est disponible, je rédige ce compte-rendu de nos « aventures » tout en gardant un oeil sur la chaîne d'information en continu qui est diffusée par l'écran fixé au mur. De pauvres journalistes y sont filmés depuis la côte, où la pluie oblique les assaillit violemment. La trentaine de personnes présente en fait autant. Sandy arrive seulement à New York.
Dimanche 28 octobre, 19 heures à New York et Québec, minuit en France.
Nous sommes dans le train 68. Il s'agit du train qui relie chaque jour Montréal à New York en 11 heures de voyage entrecoupées d'arrêts. En prenant ce train, nous savions que la tempête Sandy aurait des répercussions sur notre voyage. Mais ces répercussions ont pris une toute autre dimension lorsqu'un des agents de la compagnie Amtrak, celle qui gère notre trajet, a pris la parole dans le wagon. « Ce train sera le dernier à entrer dans Penn Station [une gare new yorkaise au sud de Manhattan]. Bus, métros, tout est arrêté. Tous les vols à destination et à partir de New York sont annulés jusqu'à mardi. Certains quartiers de la ville sont évacués, vérifiez que vos hôtels n'y sont pas situés. Vous pouvez, si vous le souhaitez, descendre à la prochaine station et prendre un train qui vous ramènera à Montréal. Nous y arriverons dans 40 minutes, réfléchissez-y. »
Après consultation, nous décidons de ne pas quitter ce train. Après tout, certaines de nos visites prévues (Associated Press, Reuters, Sixty Minutes, France-Amérique, entre autres) seront peut-être maintenues. Grâce au wifi du train, inconstant, nous pouvons consulter le site du New York Times où une timeline est tenue en direct. Une carte interactive du site de la radio publique WNYC nous permet d'identifier les quartiers où l'ordre d'évacuation a été donné par le maire de la ville, Michael Bloomberg. Dans certaines zones rouges, l'évacuation est obligatoire. Dans les zones oranges et jaunes, l'évacuation est conseillée, selon les différents scénarios envisagés.
Lundi, un seul de nos rendez-vous est finalement maintenu : nous allons visiter les locaux d'Associated Press, agence de presse américaine, malgré la tempête. Ils sont situés à deux heures de marche de notre hôtel. Nous verrons au réveil si le taxi s'avère indispensable. Une dernière question nous vient à l'esprit : cette tempête va-t-elle influencer le cours du scrutin prévu le 6 novembre ? Selon les conséquences qu'aura Sandy, Obama va-t-il être pointé du doigt pour sa gestion de la crise ou bien encensé par la presse ? Il a d'ores et déjà annulé deux réunions de campagne pour se consacrer aux besoins immédiats. Affaire à suivre.
Carte présentant la trajectoire de l'ouragan Sandy, obtenue sur le site du New York Times, consulté le 28 octobre. |
bravo Valentin ! très bonne idée ce récit sous forme de chroniques feuilleton en temps réel! Un Jules Verne des temps modernes en quelque sorte : "le tour de Sandy à New York en 80 heures de notre envoyé spécial" Vivement la suite !
RépondreSupprimerMerci pour ce gentil commentaire! La portée informative de mon 'tour de New York' était limitée mais c'était la meilleure manière de couvrir les évènements à mon échelle!
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