Nicolas Sarkozy le répète depuis son entrée (officielle) en campagne : il va revenir en force dans les sondages et sa courbe d’opinion va croiser celle de François Hollande, grand favori sur le déclin. Depuis, les sondages n’ont pas été conformes aux attentes du Président sortant et de la majorité.
Nicolas Sarkozy au micro d'Europe 1. |
Jusqu’à la parution le mardi 13 mars d’un sondage IFOP-Fiducial
pour Paris Match, Europe 1 et Public Sénat qui le place (enfin) en tête du
premier tour. Sarkozy disposerait de 28,5%
des intentions de vote et François Hollande de 27%. Ce sondage a été abondamment
repris par la presse. Nicolas Sarkozy,
nouveau favori des sondages ? Le pluriel "des sondages" est utilisé par de nombreux
journalistes. Pourtant, un seul sondage envisage la remontée du candidat
Sarkozy et le fait qu'il dépasse François Hollande au premier tour de l'élection présidentielle.
Ce sondage réalisé par l’institut d’étude d’opinion IFOP,
dont la dirigeante n’est autre que Laurence Parisot, aussi directrice du
MEDEF, le Mouvement des entreprises de France, très favorable au candidat de l’UMP.
Un institut qui s’est distingué depuis plusieurs mois en offrant sondages après
sondages ses meilleurs scores à Nicolas Sarkozy.
Des méthodes contestables
Les méthodes (par
internet dans le cas d’IFOP, via questionnaire auto-administré sur seulement
300 personnes) et des modalités de
sondages (le flou et l’ambiguïté de certaines questions) peuvent être
questionnées. Par ailleurs, quels enseignements peuvent être tirés d’un sondage qui ne
distingue les deux favoris que d’un point d’écart alors que les marges d’erreur annoncées dépassent fortement cet écart ? Notons au passage que ces marges d'erreurs sont pourtant incalculables mathématiquement lorsque l’échantillon n’est pas aléatoire,
ce qui est le cas pour ce sondage qui constitue un panel qui se veut
représentatif. Peut-on, dans ce cas, titrer « Sarkozy
en tête au seconde tour » ?
Un sondage, deux résultats
Ce sondage a été présenté mardi matin sur Europe 1 et Public
Sénat comme ayant été réalisé en partie dimanche 11 mars (avant et/ou pendant le meeting de Villepinte) et lundi 12 mars
(après ce fameux meeting). Difficile dans ce cas de voir dans ce sondage un « effet Villepinte »
comme le titraient de nombreux journaux, ravis que la compétition électorale reprenne
des couleurs. Aucun article qui citait ce sondage ne reproduisait la notice
méthodologique fournie par le sondeur, qui présente sa méthode et les résultats obtenus question par question. Les sites d’Europe 1 et de Public
Sénat ne la fournissent pas davantage. Il faut se rendre sur le site de Paris
Match, qui diffuse ce baromètre très régulier depuis le début de la campagne, pour l’obtenir. Et l’on découvre alors des résultats bien différents pour ce
lundi 12 mars 2012.
Selon le baromètre IFOP-Fiducial pour Paris Match, les
intentions de vote au premier tour étaient de 28,5 (contre 27% annoncée par
Europe 1 et Public Sénat) pour François Hollande et de 28 (contre 28,5
annoncée) pour Nicolas Sarkozy. Nicolas Sarkozy n’était donc pas devant
François Hollande au premier tour, si l’on en croit ce sondage. Comment
expliquer cette différence ?
Les courbes indiquent bien que François Hollande était devant Nicolas Sarkozy selon l'étude du mardi 12 mars. |
Retour vers le futur
Nous pouvons remarquer que les résultats annoncés lundi soir à 23h55 par Europe 1 et mardi matin à 0h05 par Public Sénat sont les mêmes que les résultats annoncés par le sondage IFOP pour Paris-Match du mardi 13 mars. Or cette "fournée" du baromètre est censée être réalisée à partir des résultats obtenus dimanche, lundi ET mardi : il a donc été publié mardi à 18h. Comment Europe 1 et Public Sénat ont-ils pu avoir accès à ces résultats alors que le sondage n'était ni publié, ni même réalisé ? Ces chiffres auraient par ailleurs été présentés à Nicolas
Sarkozy avant son passage dans l’émission "Paroles de Français" lundi
soir sur TF1 (comme de nombreux articles l'ont rapporté). Tout cela fleure bon la manipulation de sondage.
Manipulation sondagière
L'institut IFOP dirigé par la patronne des patrons Laurence Parisot et le client Paris Match du groupe Lagardère ont-ils redressé à la hausse le score de Nicolas Sarkozy pour faire un coup médiatique ? Une opération favorable à l'institut comme au titre de presse. Le Parisien et l'Institut Harris Interactive avaient déjà réussi un "coup médiatique", le 5 mars 2011, en étant les premiers à annoncer une possible présence de Marine Le Pen au second tour.
Le sondage IFOP-Fiducial, habituellement réservé à Paris Match, a été publié (et financé) par Europe 1 du groupe Lagardère et par Public Sénat, chaîne dirigée par Jean-Pierre Elkabbach. Notons à titre d'information, que Arnaud Lagardère considère Nicolas Sarkozy comme son "frère" et que le journaliste Jean-Pierre Elkabbach qui officie aussi sur Europe 1, cache difficilement ses affinités avec le Président. Ce redressement des scores, qui peut s’apparenter à une opération de manipulation avec pour objectif de réaliser un "coup médiatique" est aussi favorable à Nicolas Sarkozy. Ce sondage est utilisé pour témoigner de la naissance d'une dynamique de campagne et pour rassembler ses troupes, qui commençaient à douter sérieusement de la victoire du Président sortant. Peut-on en déduire que Laurence Parisot, Arnaud Lagardère et Jean-Pierre Elkabbach ont voulu faire un coup politique en plus du coup médiatique ? Se sont-ils trahis en l'anticipant d'un jour ? Préparent-ils la remontée de Nicolas Sarkozy dans les sondages en redressant les résultats (et donc en jouant sur les marges d'erreur) ?
Des sondages contradictoires
Quoiqu'il en soit, la grâce sondagière n'aura pas duré longtemps pour Nicolas Sarkozy, puisque dès le mardi 13 mars, un autre institut de sondage, TNS Sofres pour I-Télé, présentait des résultats bien différents. François Hollande resterait en tête du premier tour à 30% des intentions de vote, tandis que Nicolas Sarkozy perdrait deux points et descendrait à 26% d'intentions de vote. Les scores, les écarts et les dynamiques sont totalement différentes. Ces écarts pourraient s'expliquer par une méthode différente. Sans être parfaite, la méthode utilisée par TNS Sofres reste plus sérieuse que celle d'IFOP. L'étude est entièrement réalisée le lundi 12 mars (et non pas sur 2 ou 3 jours), par téléphone (et non par Internet via un questionnaire auto-administré) et sur un panel 3 fois plus grand que celui de l'IFOP (1000 personnes contre 300). Ainsi, tout nous porte à croire que le sondage IFOP-Fiducial
pour Paris Match, Europe 1 et Public Sénat qui place Nicolas Sarkozy en tête du
premier tour des élections n'est vraiment pas très sérieux...
Sondage IFOP - Fiducial
Sondage TNS Sofres
On se croirait dans La Zone du Dehors d'Alain Damasio.
RépondreSupprimerBayrou en dessous de Marine le Pen ... j'ai mal à ma France ...
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