20 mai 2013

Un œil sur Valerie June.


LPO vous propose cette semaine l'interview de la chanteuse américaine Valerie June qui vient de sortir en France son album Pushin' Against a Stone. Elle n'en est pas à son premier coup d'essai : cet album est déjà son quatrième opus. Son récent passage en France, au Printemps de Bourges, lui a permis de déployer son 'folk blues rock soul' dans un concert aux saveurs américaines.

Elle a répondu à nos questions lors de son passage à Cardiff (Royaume-Uni), où elle partageait la scène avec le déjà mythique Jake Bugg.

Valerie June.

Est-ce votre premier tournée au Royaume-Uni ?
Oui, c'est ma première tournée. Lorsque je suis venue en octobre, c'était mon premier concert. C'était vraiment très agréable.

Cette première fois a-t-elle provoqué de nouvelles émotions ?
Pas vraiment, je suis venue en Europe lorsque j'ai eu 18 ans. J'y ai beaucoup voyagé et y suis même revenue quelques années plus tard, deux ou trois fois. Je suis donc habituée à travailler en Europe et c'était sympa de m'y produire. Ça me plairait de venir en France et de savourer le fromage du monde. Il est tout simplement excellent, comme nulle part ailleurs.

En février, vous partagiez la scène avec Jake Bugg. Que pensez-vous de ce jeune musicien [il a 18 ans, ndb], déjà célèbre ?
J'aime sa musique. Il est brillant et c'est une personne vraiment aimable, même en dehors de la scène. Je me sens vraiment chanceuse de pouvoir l'écouter tous les soirs. J'apprécie d'être derrière la scène, de regarder tout ce qui se passe et d'écouter le batteur et le bassiste. Ils sont tous tellement bons et tellement amicaux.

Vous sentez-vous proche de sa musique?
Même si j'aime son style en général, j'aime tout particulièrement ses paroles. C'est un parolier de talent.

Quelles sont vos influences musicales ?
Et bien, ceux qui m'ont le plus influencé sont The Carter Family et Elizabeth Cotten. Tout simplement car ils sont, pour moi, des superstars. Les meilleurs. Il y a aussi Ben Robert Johnson, Skip James, Mississippi John et Karen Dalton. Ce sont des artistes géniaux, profondément musiciens et en cela, ils me correspondent. Je crois être une artiste complète, musicienne et véritable parolière.

Skip James - Devil got my Woman.

Est-ce que vous pensez que vos origines ont été importantes ? Le Tennessee est en effet à la confluence de beaucoup d'États (Alabama, Arkansas, Caroline du Sud et du Nord, Géorgie, Kentucky, Mississippi, Missouri et Virginie) et d'influences musicales (blues, country, jazz, rock) ? Est-ce que vous pensez que c'est un carrefour de musiques?
Je le pense. La région où j'ai été élevée est un endroit qui abrite beaucoup des cultures musicales dont je me sens proche. Le Tennessee possède le blues, la country, le gospel : tout ce dont je m'inspire. J'ai grandi en écoutant tout ça, même si je n'allumais pas la radio, je pouvais l'écouter si je marchais dans un magasin ou dans un restaurant, ils jouaient toujours cette musique. J'étais donc là toute ma vie à grandir sous cette  influence inconsciente et quotidienne.

Quel est votre premier souvenir musical ?
Il faut remonter à l'époque où j'étais vraiment petite et où j'ai commencé à écrire une chanson juste après que la pluie soit tombée. Je n'arrive pas à me rappeler le chant ni la mélodie exactes de la chanson mais je me souviens que c'était la toute première que j'ai écrite. Simplement pour faire partir la pluie, car je voulais du soleil. Il y avait un arc-en-ciel ce jour-là, c'est pour ça que je m'en rappelle. Il pleuvait et le soleil est arrivé d'un coup. Oh, mec ! La musique est si puissante, si ça peut faire partir la pluie. Je peux faire des sacrés ravages avec ce truc !

Écrivez-vous depuis votre enfance?
Ouais, j'écrivais mais je ne pouvais pas jouer. J'étais toujours en train d'écrire des chansons. J'écrivais sur tout. A propos de la marche, du fait de traverser la pièce, du nettoyage, de ma santé, d'aller au lit. J'écris même des chansons dans mon sommeil. Je le fais simplement car j'aime ça.

Pensez-vous être à un tournant de la vie et de votre carrière?
Pas vraiment. Je ressens un peu la même chose depuis que j'ai atteint le succès en jouant des morceaux d'Elizabeth Cotten. Ma définition de la réussite est si différente de celle que la plupart des gens ont. Je peux tout plaquer et je serais toujours la même. C'est plus une définition par mon accomplissement personnel comme jouer de la musique et mes chansons favorites, ou encore écrire de nouvelles chansons. Je pense qu'il n'y a pas de vrai succès. Bien-sûr, je veux tout ce que le monde offre de meilleur, je veux être couronnée de succès. Mais, peu m'importe si je n'ai pas d'argent sur mon compte en banque, c'est simplement comme ça que je définis les choses.

Donc le plaisir passe avant le succès?
Oui car je ne pense pas qu'il existe une seule forme de succès.

Est-ce que vous pensez, que vos parents et vos origines jouent un rôle dans votre vision de la vie?
Oui, ma famille entière et tout le monde a eu une grande influence sur ma vie, une énorme influence. Mes parents sont propriétaires d'une entreprise et ils travaillent très durs pour avoir tout ce qu'ils ont, ils travaillent toujours très durs. Ils ont inspiré leurs cinq enfants à faire la même chose, je tiens ça d'eux. Je me sens vraiment bien si ma journée est terminée et que j'ai écrit une chanson, que j'ai fait un dîner génial ou que j'ai fait des choses spéciales avec mes mains, comme faire des vêtements. J'adore faire des trucs comme ça, quand je ferme les yeux, je sais que j'ai passé une bonne journée, j'ai été marcher et j'ai fait toutes ces choses, aussi longtemps que je pourrai me permettre de vivre mes rêves, peu m'importe, je le faisais avant tout ça, avant de sortir Pushin Against a stone, quand je faisais des petits boulots je le faisais toujours, juste heureuse d'avoir à faire tout ce que je fais tout les jours. 

J'ai également vu que le leader des Black Keys avait travaillé pour votre nouvel album. Comment définiriez-vous son travail et son influence dans ce nouvel opus ?
Et bien, l'enregistrement des chansons,pour lequel on a fait appel à de nombreux instruments, est définitivement influencé par Kevin et Dan des Black Keys. Quand j'ai écouté le résultat, j'étais surprise : ça sonnait comme du Black Keys. J'ai également collaboré avec d'autres producteurs, comme Kevin Augunas (Florence and the Machine, Edward Sharpe & the Magnetic Zeros) ou Peter Sabak de Budapest. Il y a un grand mélange d'énergies et de sons sur l'album et un grand équilibre avec la musique roots. Cela correspond vraiment à ma personnalité d'avoir combiné toutes ces influences dans un seul et même disque.

Trouvez- vous qu'il y a des différences avec vos précédents albums ?
Ils ne sont pas comparables car ils n'ont pas été écrit au même moment. Or, je capture l'instant. C'est comme essayer d'associer le passé, le présent et le futur. Ils sont une même chose mais selon trois points de vue. Dans ce nouvel album, je chante avec la même voix et la même énergie mais le résultat est différent car je ne suis pas  à la même étape de ma vie. C'est simplement un super voyage et cet enregistrement montre cela. Le premier est vraiment... , le second est plus sur le chant, le troisième que j'ai réalisé avec les gars du Old Crow Medicine Show. Puis, ce dernier je l'ai fait avec trois producteurs différents. Tout n'a été qu'un voyage, où je vais et où je dis que ne suis pas effrayée d’essayer des choses et de mettre mes mains dans le cambouis. Mais je ne sais pas ce qui peut arriver.

Pourquoi ce nom de Pushin' against a stone ?
Et bien, ce titre évoque une pierre que l'on essaierait de pousser jusqu'au sommet d'une colline. C'est une métaphore de mon parcours et des efforts qu'il représente. Beaucoup de chansons racontent ainsi des histoires de parcours et prennent tout leur sens lorsqu'on les envisage en gardant en tête les hauts et les bas qu'un artiste peut rencontrer.

Quelle est votre manière d'écrire et de travailler?
J'écris d'abord les paroles et la guitare ou le banjo viennent ensuite. Les paroles sont souvent personnelles, évoquent des choses que j'ai entendues et que je peux relier à quelque chose ou à quelqu'un. Parfois, j'entends une personne parler et ce qu'elle exprime, ainsi que la façon dont elle l'exprime, sonne bien. En m'inspirant de cela, j'écris ma chanson et ce que j'ai perçu dans ce discours sera prolongé par le biais de ma voix. Donc lorsque je chante, j'entends ces voix en moi et je ne fais que les transmettre.

Valerie June - You can't be told.

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