7 mars 2012

Quand Sarkozy affirmait qu'il ne ferait pas de second mandat.


L'ensemble de la presse commente le débat qui a opposé hier soir Nicolas Sarkozy à Laurent Fabius, lors de l'émission Des paroles et des actes sur France 2. Le président de la République y a longuement défendu son bilan et reconnu ses fautes de début de mandat. C'est l'occasion pour nous de revenir brièvement sur ce qu'affirmait en 2008 l'actuel occupant de l'Elysée à propos d'un éventuel second mandat.

Lors d'un voyage au Qatar en janvier 2008, Sarkozy tenait en effet des propos qui étonnent aujourd'hui. Il déclarait à une journaliste du Point : « Je suis sans arrière-pensées concernant un second mandat. Mon défi était d'être élu, pas réélu. [...] Mon objectif n'est pas de durer. J'ai des projets sur cinq ans, pas sur dix. » Pourtant, le 15 février dernier, après un faux suspense de plusieurs mois, Nicolas Sarkozy annonçait sa candidature à l'élection présidentielle. Le hiatus entre la déclaration de janvier 2008 et sa candidature en 2012 peut cependant être relativisé : il n'est somme toute guère surprenant de la part d'un président de la république au cours de la première année de son mandat, à qui il serait reproché de se projeter au-delà de son quinquennat.

Le Point révèle en revanche qu'en privé, le président était beaucoup plus définitif. Dans un article où des journalistes du Point ont regroupé des « off » de Sarkozy, on découvre que celui-ci affirmait vigoureusement  qu'il ne ferait pas de second mandat : « Président, on a été six à faire l'job. Regardez les seconds mandats, hein ? Pas formidables ! Alors, moi, en 2012, j’aurai 57 ans, je me représente pas. » Soit, mais tout le monde a le droit de changer d'avis, même le président de la République.

Laurent Fabius et Nicolas Sarkozy sur France 2, lors de
l'émission 
Des paroles et des actes, le  6 mars 2012.

Lors du même voyage au Qatar, il confiait : « Mon obsession est que dans quatre ans et demi on me dise que j'ai réussi des changements structurels qui placent la France dans le XXIe siècle. Le grand rendez-vous aura lieu à la fin du quinquennat, pas avant. On saura alors si j'ai été utile ou non. » Le président tentait donc de se placer dans une optique de long terme face aux critiques dont il était la cible. Or si en 2008, il revendiquait le droit de terminer son mandat avant qu'on puisse questionner ses erreurs et errements, il est aujourd'hui loin d'assumer le bilan de ses cinq années passées à la tête de l'Etat.

Lorsque Laurent Fabius le confronte à ses échecs en matière d'emploi ou de pouvoir d'achat, le président se réfugie en effet derrière l'épouvantail de la crise, demandant aux Français « d'imaginer, dans les crises que nous avons traversées, ce qu'aurait été la situation de notre pays si Mme Royal et les socialistes avaient été élus. » Il adopte ainsi une posture que critique immédiatement son adversaire du jour en la dénonçant une attitude « l'échec, c'est les autres ». L'ancien Premier ministre de François Mitterrand ne s'y trompe pas. Il assène fermement : « votre bilan, c'est votre boulet ».

1 commentaire:

  1. Pour appuyer ta thèse,Valentin, voici ce que disait dans « Portraits crachés » , Denis Jeambar ,ancien directeur de l’Express .Il y relate une entrevue avec Nicolas Sarkozy ,alors ministre de l’intérieur, un soir de février 2006. Celui-ci cherche à savoir pour quelle raison son interlocuteur veut quitter la direction de l’Express. Denis Jeambar lui répond : « Dix ans, ça suffit, j’ai envie d’autres aventures, de nouveaux défis » Cette phrase provoque alors chez Nicolas Sarkozy cette confidence : « Je te comprends. Tu sais, dans un an, je serai élu président de la République, ça ne fait aucun doute. Mais j’étonnerai tout le monde. Je transformerai le pays en un immense chantier et je n’effectuerai qu’un mandat. Après, je ferai du fric. C’est l’histoire qui me rendra grâce. » Le plus savoureux, peut-être de l’anecdote est dans le : « après, je ferai du fric » ! Ce qui relativise tout de même un rien l’abnégation décrite dans l’exercice de sa fonction par notre président…

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