29 mars 2013

Rafael Barradas au Musée National des Arts Visuels.


Le Musée National des Arts Visuels est une référence dans le paysage artistique uruguayen contemporain. Situé dans le parc Rodó et dirigé par Enrique Aguerre, il abrite l’une des plus importantes collections d’artistes nationaux. Sa bibliothèque, forte de pas moins de 7 000 ouvrages d'histoire de l’art, fait figure de référence en la matière et attire chaque jour un peu plus de chercheurs, d’étudiants et de curieux. Anciennement dirigé par Ángel Kalenberg – une sommité dans le domaine de l’histoire de l’art uruguayen –, le bâtiment doit sa présente architecture à l’argentin Clorindo Testa. En 1972, le Musée accueillit 500 œuvres de Rafael Barradas, organisant ainsi la première rétrospective d’une telle ampleur sur l’artiste uruguayen. Quelques 430 000 personnes passèrent pour l’occasion entre ses murs. Un peu moins d'un demi-siècle plus tard, le MNAV présente une nouvelle exposition sur cet artiste afin de permettre au public d’apprécier les formidables et nombreuses pièces que contient la collection du Musée.

Rafael Barradas, Zíngaras, 1919.

L’exposition, en plus de mettre à la disposition de tous les richesses d'une collection considérable, permet également un parcours des plus pédagogiquesen adoptant une ligne à la fois chronologique et thématique. Les premières années du peintre à Montevideo sont ainsi suivies par son voyage en Europe, son séjour à Milan et, une fois en Espagne, par ses tableaux consacrés à sa famille, aux Espagnols, à ses séries intitulées « Magnifiques » et les « Mystiques » et enfin, par des estampes dédiées à son pays natal, empreintes de nostalgie. C’est un parcours simple, sans fausse note et sans soubresaut. 

L’on regrettera cependant l’absence d’une volonté explicative plus systématique des oeuvres de Barradas. Si « exposer », c’est en effet « donner à voir », les expositions modernes se doivent cependant également de « dévoiler » certains des aspects de l’esthétique d’un artiste, telle influence d’un courant artistique ou telle présence énigmatique au sein de toiles préalablement sélectionnées. Il y a quelque chose à démontrer et un parti-pris à afficher. Point de tout cela au MNAV, mais seulement des tableaux suspendus méticuleusement sur des murs blancs, comme si leur profusion et leur indéniable qualité parlaient d’elles-mêmes. Une exposition muette donc, en hommage à un artiste pour lequel le mot était pourtant presque aussi important que la couleur et qui aurait bien mérité que la trame chronologique aille de pair avec un fil rouge analytique.

Rafael Barradas, García Maroto y García Lorca, 1920.
Rafael Barradas est né en 1890 à Montevideo. Il passe son adolescence et sa jeunesse au contact permanent de l’avant-garde artistique et littéraire de la jeune République Orientale de l'Uruguay. Il se lie au dramaturge Florencio Sanchez, participe aux réunions de la bohème littéraire fin-de-siècle dans les cafés de la capitale, écrit pour des journaux et fonde le Monigote, une revue où caricatures et littérature se font écho. A 23 ans, il part en Europe et, après un court séjour à Milan, s’établit définitivement en Espagne. En plus d'y rencontrer Lorca, Ramón Gomez de la Serna, Dalí, Buñuel et d’autres artistes qui firent la pluie et le beau temps des avant-gardes européennes du début de ce court XXe siècle, il nourrit ses œuvres du cubisme ambiant et du futurisme d’un Severini. Il peignit néanmoins son tableau le plus connu, sobrement intitulé Les Emigrants, juste avant de partir pour l'Europe et de s'imprégner de ces « ismes » qui marquèrent durablement son esthétique. Cette toile ouvre l’exposition du MNAV.

Rafael Barradas, Los emigrantes, 1912.

Sa grande taille, ses couleurs pastel et ses surfaces sans défaut annoncent le planisme des années 20 et sa future série intitulée « Les Magnifiques ». Rafael Barradas immortalise ainsi, en un spectacle saisissant, les vagues d’émigrants qui déferlèrent dans les ports de la Plata au début du siècle. Spectacle saisissant également que cette peinture achevée, à la technique affirmée, chez un peintre qui n’a encore que 22 ans. L’évidence de ce talent permet de prendre conscience d’un thème qui sera un leitmotiv dans l’œuvre de l’artiste et qui n’est autre que celui du mouvement. A cheval entre deux continents, Rafael Barradas a peint la nostalgie de la terre natale et le mouvement des villes, l’exil et l’enracinement.

Homme de contrastes, ses tableaux ont l’air parfois d’illustrer le Berlin Alexanderplatz de Döblin par leur frénésie puissamment évocatrice. Modernité, rues encombrées, publicité naissante, capitales inondées d’une foule bigarrée, toutes ces images mettent, à chaque fois, l’homme au centre de l’œuvre de l’artiste. Barradas donne à ses pairs une importance qu’ils ont perdue dans la peinture contemporaine. Lorsqu’il peint ces Espagnols marqués par le travail et dont les mains ont pris des dimensions qui n’ont rien de proportionnelles au reste de leur corps (il s'agit de la série des « Magnifiques »), il met l’accent sur l’homme, sur ses racines et sur un certain besoin de se refléter dans son propre espace vital. A cela, semble correspondre en contrepoint, une aspiration plus spirituelle et un désir de transcendance qui sera le thème de sa série intitulée « Les Mystiques ». 

Rafael Barradas, Molinero aragonés, 1912.
Cet accent mis sur l’homme et sur son intimité, éloigné du machinisme et de l’idolâtrie de la vie moderne, lui fit prendre un chemin qui n’était pas tout à fait celui du futurisme tout en n’étant pas non plus celui du cubisme. Pour laisser transparaître, dans son chromatisme protéiforme, un vitalisme qui lui tenait à cœur, pour dépeindre ses visions mouvantes, fragmentaires et simultanées, et pour exprimer, enfin, le sentiment du temps qui s’échappe grâce à un tempérament que l’on pourrait qualifier d’instantanéiste, Rafael Barradas créa le vibrationnisme. Ce courant artistique eut une influence significative sur l'esthétique de Torres Garcia, père du constructivisme et gloire de la peinture uruguayenne.

Rafael Barradas, 1918.

Si l’espace et le temps se lisent également dans ses toiles – grâce aux chiffres et aux lettres disséminées dans un collage cubiste qui fait la part belle à la superposition –, les couleurs et les lignes ne sont pas en reste et donnent aux œuvres de Barradas cette expressivité si particulière, semblant jaillir tout droit des feuillets satiriques qu’il a tant cultivé, d’un humour venu de la gregueria ou de cette lucidité déchirante inspirée de l’esperpento d’un Valle Inclán. Espace et temps se mêlent ainsi en un joyeux brouhaha, tout comme le font bien souvent le verbe et l’image. Barradas est en effet un artiste à mi-chemin entre la peinture et la poésie, dont l’existence semble s’être déroulée dans un café littéraire et dont les toiles cèdent peu à peu le pas à des historietas, qui suggèrent un onirisme conçu pour éveiller l’imagination chez des enfants dont la créativité l’a toujours fasciné. Si l’historien de l’art Gabriel Peluffo commence son Historia de la pintura en el Uruguay consacrée aux peintres de la modernité par Rafael Barradas, c’est parce qu’il a annoncé le XXe siècle en une esthétique baroque qui a profondément influencé les générations postérieures et qui s’est imposée, au fil du temps et des multiples redécouvertes, comme une référence pour bon nombres d’artistes uruguayens.

Exposition du Musée National des Arts Visuels, « Barradas, Colección MNAV » , du 15 mars au 9 juin 2013
Tomás Garibaldi 2283, Montevideo, Uruguay

27 mars 2013

Devendra Banhart / Babx / Kavinsky dans le viseur de LPO.


Devendra Banhart - Mala


Le retour de l'inclassable chanteur americano-vénézuélien est une fois de plus ravissant. Adieu, les cheveux et la barbe baba mais Devendra continue d'être sans frontières. Son huitième album intitulé Mala pour sa compagne ou "Petit" en serbe n'a rien de minuscule. Même sans l'attirail du parfait hippie, le Texan est cosmopolite dans ses paroles et dans sa musique. Il exploite les ressorts de plusieurs langues (allemand, anglais, espagnol) pour donner une diversité curieuse qui enchante. Avec l'expérience accumulée, il pêche dans tout son passé pour parfois revenir à la source de son œuvre. Il offre un panel de sons qui là aussi vient de partout et nulle part. Ballades, folk, pop ou rock apaisé, le parfum du printemps sort des enceintes pour faire fleurir votre humeur. Quatre ans de disette et une rencontre avec l'artiste serbe Ana Kras ont poussé Banhart à faire de sa musique un art. Il essaye de faire couler de l'eau pure avec un calme rafraîchissantArtiste aux multiples facettes, il est aussi l'auteur de la pochette de l'album qui flirte avec le surréalisme. Pour les plus tristes de la mort de Chavez, Devendra Banhart saura vous consoler avec ses souvenirs du pays.



Babx - Drones Personnels

L'un des meilleurs auteur de la chanson française revient avec son troisième album. 4 ans après son Cristal Ballroom et des collaborations avec Camélia Jordana et L, il n'a rien perdu de ses capacités. Les textes sont toujours d'une efficacité et d'un lyrisme rares. David Babin alias Babx chante ou parle de ses désirs, rêves ou sentiments pour nous emmener dans un monde onirique où flotte la mélancolie. Il se joue aussi de l'actualité, en revenant indirectement dans Tchador Woman  sur Manal al-Sharif, militante emprisonnée en 2011 après avoir conduit une voiture en Arabie Saoudite. Ou encore sur "2012" avec, en toile de fond, la prophétie Maya qui a tenu en haleine la planète entière. Son débit et sa parole sont parfois proches du Vaudou jusqu'à faire tomber en hypnose. Le songe est apaisant et prend de l'ampleur dans "Les noyés" qui vous met la tête sous l'eau et vous traîne au fond de la mer et apercevoir les sirènes. "Il n'y aura pas de train Paris-Pékin, il n'y aura pas d'Airbus Paris-Venus" mais simplement un ticket pour un album qui rappelle les grandes heures de la poésie française et c'est déjà bien!




Kavinsky - Outrun

Sans doute, l'une des plus grosses attentes electro de l'année. Kavinsky fut notamment révélé grâce au film Drive et son morceau Nightcall qui avait enflammé la planète et donner une autre saveur au film. L'album Outrun, titre tiré d'un jeu-vidéo automobile sur Nintendo, sonne comme une conduite de nuit dans un brouillard épais. Aux commandes, c'est Vincent Belorgey ou plutôt son personnage Kavinsky, décédé en 1986 dans un accident avec une Ferrari Testarossa et revenu du royaume des morts en 2006. Il rapporte de son voyage de nombreuses sonorités disparues dans les années 1980 pour hanter nos nuits du XXIe siècle. L'instrumental de Dragon Ball Z dans Rampage vient même nous rappeler une vieille époque, quand la mort de Sangoku ou Vegeta était le plus triste moment de notre enfance. Les synthés frappent dur et secouent la carrosserie du disque, ravivant sur son chemin les fantômes du Rap Américain avec la participation de Mobb Deep. Les clips sont également très symptomatiques de l'univers de Kavinsky (A voir ci-dessous, Protovision).

En 13 titres, il prend la tête de la course electro de 2013. Reste à savoir ce que ses collaborateurs de Daft Punk concoctent pour mai, il reste encore de la gomme pour faire crisser les pneus de la French touch.

25 mars 2013

Le Plume hebdo (du 18 au 24 mars).


Bienvenue sur LPO ! Au sommaire du Plume hebdo cette semaine : la visite de Barack Obama en Israël et en Palestine, l'ultimatum de la BCE pour Chypre, la démission de Jérôme Cahuzac, la mise en examen de Nicolas Sarkozy et la victoire de l'équipe de France de football face à la Géorgie.


INTERNATIONAL

Le président des Etats-Unis Barack Obama était en visite en Israël et en Palestine cette semaine. Il est arrivé à Jérusalem mercredi 20 mars avec une idée précise de ce qu'il attendait de sa tournée au Proche Orient : faire la paix avec l'Etat hébreu et son Premier ministre fraîchement réélu, Benyamin Netanyahu. Mission accomplie puisque Barack et « Bibi » ont trouvé un terrain d'entente concernant la question iranienne. Alors qu'il avait estimé, lors d'un spectaculaire discours devant l'Assemblée générale des Nations Unies, que le processus de nucléarisation iranien franchirait une ligne rouge au début de l'été 2013, Netanyahu a concédé qu'il faudrait encore vraisemblablement un an à la République islamique pour se doter de l'arme nucléaire. En retour, Obama a déclaré qu'il ne s'attendait pas à ce que son homologue israélien « prenne une décision à propos de la sécurité de son pays [en s'en remettant] pour cela à n'importe quel autre pays ».

En réaction à cette convergence de vues américaine et israélienne, l'Ayatollah Khamenei, guide suprême de la révolution iranienne, a prévenu que « l'Iran réduira en poussière Tel-Aviv et Haïfa » en cas d'attaque israélienne.

Le Premier ministre israélien Beyamin Netanyahu et le président des Etats-Unis Barack Obama, lors d'une précédente rencontre à Washington.

Le président américain a aussi renoncé, au moins en apparence, à réclamer l'arrêt de la colonisation comme condition préalable aux négociations de paix avec l'Autorité palestinienne dirigée par Mahmoud Abbas. Il s'est d'ailleurs rendu à Ramallah, en Cisjordanie, le jeudi 21 mars. Il y a regretté que la poursuite de la colonisation des territoires palestiniens par des Israéliens ne fasse pas « progresser la cause de la paix ». Il a renouvelé son soutien à une solution à deux Etats, l'un israélien, l'autre palestinien.

Quant à la crise syrienne, l'autre dossier régional, Obama s'est montré « très sceptique » face aux accusations conjointes de Damas et de Moscou, qui soutiennent que les insurgés syriens auraient fait usage d'armes chimiques dans la région d'Alep, faisant 16 victimes et une centaine de blessés. L'Armée syrienne libre (ASL) a rejeté cette accusation, rappelant qu'elle ne dispose ni de missiles longue portée, ni d'armement chimique. L'un des porte-parole de l'ASL, Louay Muqdad, a affirmé que l'armée régulière du régime, quant à elle, a bel et bien pu utiliser un tel missile.

Au Mali, la France a finalement confirmé samedi 23 mars la mort Abou Zeid, chef d'Al-Qaida au Maghreb Islamique (AQMI). Le président tchadien Idriss Déby avait donné l'information dès le 1er mars mais le Quai d'Orsay avait estimé que les informations disponibles ne permettaient pas d'avoir de certitudes quant au sort du chef djihadiste. Dimanche 24, la chaîne de télévision algérienne Ennahar a révélé l'identité de son successeur à la tête d'AQMI. Il s'agit de Djamel Okacha, un Algérien de 34 ans connu pour appartenir au « groupe d'Alger », qui rassemble les combattants djihadistes nés dans la région de la capitale algérienne. Okacha, aussi connu sous le nom de Yahia Abou El Hamam, devrait dans un premier temps s'atteler à la réorganisation d'AQMI, fragilisée par la disparition de son chef.

Enfin, c'est Chypre qui a défrayé la chronique européenne cette semaine. Le « sauvetage » - selon la formule désormais consacrée - de l'île était au cœur des préoccupations de l'Union européenne. Un premier plan proposé lundi par l'Eurogroupe a été rejeté par le Parlement chypriote mardi soir. Jeudi, la Banque centrale européenne (BCE) a fini par menacer de ne plus accorder de liquidités aux banques de l'île si une solution n'était pas trouvée avant aujourd'hui, lundi 25 mars. La dernière mouture du plan de sauvetage, obtenue dans la nuit de dimanche à lundi, prévoit le démantèlement de la deuxième banque du pays et la réorganisation de la première, dont les dépôts de plus de 100 000 € seront ponctionnés à hauteur de 30%.


FRANCE

L'actualité politique de la semaine a été intense. Deux évènements l'ont particulièrement marquée. Mardi 19 mars, le ministre du Budget Jérôme Cahuzac a choisi de démissionner après l'annonce, par le parquet de Paris, de l'ouverture d'une information judiciaire contre X dans le cadre de l'affaire le concernant.

Le ministre du Budget Jérôme Cahuzac, sur les banc de l'Assemblée Nationale, quelques heures avant l'annonce de sa démission le 19 mars.

Si vous n'avez pas tout suivi, quelques rappels : le site d'information Mediapart a d'abord publié un article intitulé « Le compte suisse du ministre du budget » dans lequel l'auteur, Fabrice Arfi, assure que Cahuzac a détenu un compte en Suisse jusqu'en 2010 sans le déclarer auprès du fisc. Il révèle en outre que l'ancien ministre du Budget aurait vidé ce compte pour transférer l'intégralité des fonds à Singapour. Le ministre qualifie immédiatement l'article de « diffamatoire » et affirme qu'il portera plainte. L'affaire est complexe et possède de nombreuses ramifications qu'il serait fastidieux de passer en revue ici.

Le ministre, tout en réaffirmant son innocence, a donc présenté sa démission à François Hollande, qui l'a immédiatement acceptée. Les juges d'instruction Roger Le Loire et Renaud Van Ruymbeke, appartenant tous deux au pôle financier du Tribunal de grande instance de Paris, ont été chargés d'instruire le dossier. Avec l'ouverture de l'information judiciaire, ils pourront élargir l'enquête à Genève et à Singapour. L'intéressé risque jusqu'à 7 ans de prison et 1 million d'euros d'amende s'il est convaincu de fraude fiscale.

L'autre actu politique de la semaine, c'est bien entendu la mise en examen de Nicolas Sarkozy par le juge d'instruction Jean-Michel Gentil, dans le cadre de l'affaire Bettencourt. L'ancien chef de l'Etat est sous le coup d'une accusation pour abus de faiblesse à l'encontre de la milliardaire française Liliane Bettencourt, héritière de l'Oréal. Cette dernière, âgée de 84 ans au moment des faits, aurait été poussée à financer illégalement la campagne du président sortant en 2007.

L'annonce a mis en émoi une bonne partie des responsables UMP. Chacun y est allé de sa critique à l'encontre du juge Gentil, dont la décision a successivement été qualifiée d'« injuste et extravagante » par François Fillon et d'« irresponsable » par Henri Guaino. Le parti d'opposition semble avoir adopté une stratégie de décrédibilisation que nous décryptions pour vous dans un article paru dimanche, afin de préserver la possibilité pour Nicolas Sarkozy d'effectuer son grand retour politique.

Enfin, dimanche 24 mars a eu lieu à Paris la « manifestation pour tous » qui a rassemblé les opposants au mariage homosexuel. Le cortège devait initialement passer par les Champs Elysées mais le refus de la préfecture a entraîné une modification du trajet. L'opération est un succès puisque l'évènement a mobilisé entre 300 000 personnes selon les forces de police et 1 400 000 personnes selon les organisateurs, des chiffres comparables à la manifestation du 13 janvier. Une mésaventure, toutefois, est venue obscurcir le tableau. L'ancienne ministre Christine Boutin affirme avoir été visée par des gaz lacrymogènes, alors que les manifestants tentaient de se rendre sur les Champs Elysées malgré l'interdiction préfectorale. Elle s'est alors évanouie et a été prise en photo par un manifestant. L'image a vite fait le tour des réseaux sociaux, nourrissant l'indignation des anti- et les sarcasmes des pro-mariage homosexuel.

Voici la photo de Christine Boutin, évanouie, qui a circulé sur les réseaux sociaux lors de la « manifestation pour tous ».

Dans la catégorie insolite, Carambar a fait le buzz cette semaine en annonçant jeudi 21 mars la fin de ses célèbres blagues et devinettes imprimées sur l'emballage de ses friandises. L'annonce a provoqué de nombreuses réactions sur les réseaux sociaux jusqu'à ce que l'entreprise révèle finalement, lundi 25, avoir piégé ses fans en publiant sur son site internet « la fin des blagues... #cetaituneblague ». L'opération de communication est donc un succès.

Il nous faut malheureusement mentionner le décès de l'un des participants au jeu télévisé Koh Lanta, organisé par TF1. Lors du premier jour de tournage, qui se déroulait au Cambodge, le jeune homme de 25 ans a souffert de multiples crises cardiaques et n'a pas pu être ranimé à son arrivée à l’hôpital. La chaîne a décidé d'annuler l'édition 2013 du jeu de télé réalité.


SPORT

Vendredi 22 mars, lors des matches de qualification pour la Coupe du Monde 2014, l'Equipe de France s'est imposée face à la Géorgie sur un score de 3 buts à 1 (Giroud 45', Valbuena 48', Ribéry 61'). Il s'agissait de la quatrième journée pour le groupe I, dont les Bleus ont pris la tête après avoir récolté trois précieux points tandis que l'Espagne, favorite du groupe, a été tenue en échec par la Finlande (1-1). La France possède donc dix points, dont deux d'avance sur son poursuivant ibérique. Les deux équipes s'affronteront mardi 26 mars.

Et à l'occasion de la sortie d'un numéro hors-série des Inrocks sur Pink Floyd, nous vous laissons sur une note de musique. Bonne semaine !

24 mars 2013

L'indignation stratégique de l'UMP.


Nicolas Sarkozy a été mis en examen jeudi 21 mars dans la soirée par le juge d'instruction Jean-Michel Gentil. La présomption d'innocence prévaut, mais l'ancien chef de l'Etat n'en est pas moins sous le coup d'une accusation pour abus de faiblesse à l'encontre de la milliardaire française Liliane Bettencourt, héritière de l'Oréal. Cette dernière, âgée de 84 ans au moment des faits, aurait été poussée à financer illégalement la campagne du président sortant en 2007.

Il n'a pas fallu bien longtemps à l'ensemble des responsables UMP pour clamer leur indignation. Un chœur de protestations outrées s'est fait entendre dès le lendemain, vendredi 22 mars. François Fillon, ancien Premier ministre et l'un des candidats à la présidence de l'UMP lors du tonitruant échec des primaires de novembre dernier, a estimé que la décision du juge Gentil était « injuste et extravagante ». Le maire de Nice et député (UMP) des Alpes-Maritimes, Christian Estrosi a, quant à lui, dénoncé une « instrumentalisation » de la justice. Henri Guaino, ancien conseiller politique de Nicolas Sarkozy, s'est enfin jeté de toutes ses forces dans la bataille en critiquant sur Europe 1 une décision « irresponsable » par laquelle M. Gentil aurait « déshonoré un homme, les institutions, la justice ».

Henri Guaino lors de son intervention sur Europe 1.
Le président du MoDem François Bayrou, dont la voix a été difficilement audible dans ce concert de protestations, a jugé que ce n'est pas la mise en examen de l'ancien chef de l'Etat mais bien « ces attaques, qui sont inacceptables. Une démocratie, c'est une presse libre et une justice libre. Les attaques infondées contre les juges sont des attaques contre la démocratie. » De fait, la séparation des trois pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire est au fondement de l'Etat de droit. On peut donc s'étonner du comportement des responsables politiques de l'UMP lorsqu'ils se mêlent de ce qui relève du domaine judiciaire.

Leur attitude est en fait mûrement réfléchie. Il s'agit d'une stratégie de communication qui vise à répondre à la mise en examen de leur ancien patron, qui ne fait pas les affaires d'une opposition laissée sans véritable leader par la guerre des chefs qui a fait rage à l'UMP en novembre dernier. Nicolas Sarkozy s'était en effet récemment posé en dernier recours pour la présidentielle de 2017. Face à un processus judiciaire qui risque d'être très long, il convenait donc de parer au plus urgent et de convaincre l'opinion publique, quitte à user de matraquage médiatique, que l'ancien chef de l'Etat a été injustement traité par la justice française.

Soulignons le rôle de l'avocat de Nicolas Sarkozy, Me Thierry Herzog, dans cette bataille médiatique. Conscient de l'enjeu auprès de l'opinion publique, celui-ci a été très présent dans les médias ces derniers jours. Dès vendredi 22 mars, il était sur RTL pour rapporter que Nicolas Sarkozy avait « considéré que le traitement qui lui était infligé était scandaleux ». Deux jours plus tard, c'est dans le Journal du Dimanche qu'il poursuivait l'offensive, faisant état d'une « tribune politique » dans laquelle le juge d'instruction Jean-Michel Gentil critiquerait l'action de M. Sarkozy durant son quinquennat. Cette tribune, publiée quelques jours avant une perquisition au domicile de l'ancien chef de l'Etat, pousse Me Herzog à poser la « question de l'impartialité » du juge.

En fait de « tribune politique », le texte évoqué par Me Herzog est une lettre ouverte signée par 82 magistrats et neuf organisations parmi lesquelles le syndicat CGT-Police et le Syndicat de la Magistrature. Publiée le 27 juin 2012 sur le site du Monde et parue le 28 juin dans l'édition papier, elle est intitulée « Agir contre la corruption : l'appel des juges contre la délinquance financière ». Dans ce texte, les magistrats dénonçaient surtout le délitement des outils de lutte contre la corruption et souhaitaient « attirer l'attention sur les mesures indispensables pour renforcer la confiance des citoyens dans les institutions et ceux qui en ont la charge ».

L'avocat Thierry Herzog.

Le lien tissé par Me Herzog entre la tribune et la perquisition est partie intégrante du plan de bataille de l'UMP visant à sauvegarder la crédibilité de Nicolas Sarkozy en vue d'un éventuel retour à la politique.

Et il faut bien reconnaître que la droite enregistre un certain succès dans cette entreprise. Un sondage publié dimanche 24 mars dans Le Parisien-Aujourd'hui en France révèle que 63% des Français répondent « non » à la question « Selon vous, cette mise en examen empêchera-t-elle Nicolas Sarkozy de revenir en politique ? ». Bien que la méthodologie du sondage puisse être questionnée - la question posée ne permettant pas de savoir si les Français sont désabusés vis-à-vis de la politique à tel point qu'ils considèrent qu'une mise en examen n'handicape pas un homme politique ou s'ils considèrent qu'en ce qui les concerne, l'affaire ne nuit pas à l'image de Nicolas Sarkozy -, le chiffre est sans appel.

Car c'est une véritable bataille qui s'est engagée pour obtenir le soutien de l'opinion publique. L'effort collectif fourni par l'UMP est tout à fait remarquable. Les deux camps ne s'affrontent cependant pas à armes égales puisque le juge d'instruction s'est contenté de se défendre par le biais de son avocat. Ce dernier a annoncé qu'une plainte contre Henri Guaino allait être déposée et a rappelé au passage que « M. Gentil n'est pas seul dans son instruction, c'est une instruction collégiale, ils sont trois magistrats à suivre le dossier ».

Mise à jour – Lundi 25 mars – 15h
L'ancien président Nicolas Sarkozy vient de réagir publiquement pour la première fois, par le biais de sa page Facebook. À l'image de ses partisans ce week-end, il déclare notamment « faire face à l'épreuve d'une mise en examen injuste et infondée », et affirme qu'il utilisera « les voies de droit qui sont ouvertes à tout citoyen » pour démontrer sa « probité » et son « honnêteté ».

Par ailleurs, à l'image de ce que nous affirmions hier après-midi, Le Monde indique que Thierry Herzog a attaqué le juge Jean-Michel Gentil sur la base d'une « citation erronée », celui-ci n'ayant pas nommément critiqué Nicolas Sarkozy dans la tribune co-signée en juin dernier.

23 mars 2013

Le Salon du Livre de Paris accueille la Roumanie.


De la Roumanie, surgissent les échos des Daces et des conquêtes romaines, de Bucarest et de son rayonnement culturel, de sa bourgeoisie francisée et de ses nombreux penseurs. De Roumanie, nous viennent les images d’une terre irriguée par le Danube, bordée par les Carpates, d’une mer Noire qui vit vieillir Ovide sur ses rivages et d’un dictateur qui mourut sous les coups d’un peuple fatigué par un demi-siècle d’une dictature qui n’avait de populaire que le nom. De ces terres, aux confins et aux portes de l’Europe, à la fois lointaines et proches, l’occidental retiendra la langue latine pour sûr, les conquêtes de Trajan et Ionesco peut-être.

Il est étonnant de voir que de la Roumanie, ce pays si riche en écrivains et en artistes, ne surgisse chez nos compatriotes aucun écho de ce que fut et de ce qu’est encore une littérature foisonnante et ouverte sur le monde. S’il n’en fallait citer qu’une poignée, l'on mentionnerait Ionesco, Cioran et Noica. S’il en fallait citer d'autres l’on avancerait le nom de Mircea Eliade, l’on prononcerait celui de Tzara. Si le Prix Goncourt avait une mémoire –ce qu’il a cessé d’avoir il y a fort longtemps– l’on se souviendrait de Vintilă Horia, cet écrivain qui parla de l’exil, de l’amour et d’une terre qui, même lointaine, continuait de lui suggérer des récits. 

Pour avancer une raison à cet oubli collectif, à cette ingratitude de l’histoire littéraire sans précédent en Europe, il convient peut-être de faire cette simple observation : les écrivains roumains sont des conteurs qui ont le langage pour langue et le monde pour imaginaire. Lorsqu’un écrivain roumain écrit dans sa langue natale, dix derrière lui écrivent en français, vingt vivent à New York et quarante chantent l’Europe. Cioran écrivit ses œuvres les plus importantes en français, Horia fut primé pour sa maîtrise exceptionnelle de notre langue et Tzara réussit l'exploit de modifier durablement le paysage artistique français en moins d'une décennie. Voilà pourquoi, pendant très longtemps et encore aujourd’hui, l’on attribua peu d’auteurs à la Roumanie et l’on en ignora la littérature.


Il n’en est pas de même des jeunes générations présentes à ce 33e salon du livre de Paris. Ce sont des écrivains qui, loin de trouver un refuge dans un Paris cosmopolite, sur une terre qui n’est pas la leur et dans une langue qui ne les a pas vus grandir, nous parlent de leur pays, sont à la recherche d’une certaine identité collective et aiment à se perdre dans les méandres d’une culture nationale qu’ils louent et qu’ils ridiculisent tour à tour. Ce sont Mircea Cartarescu, Petru Cimpoesu, Ana Blandiana, Nicoleta Esinencu ou encore Florina Ilis. Ce sont des écrivains à cheval entre un passé qu’ils cherchent à comprendre et un présent dont ils dénoncent bien souvent les travers. Entre un passé totalitaire et une société contemporaine vouée à un libéralisme parfois destructeur et qui s’est imposé trop vite, ils s’ingénient à construire et reconstruire une certaine identité nationale. Entre l’absurde de Ionesco et la lucidité tragique de Cioran, entre Histoire et Utopie et Le Solitaire, ils s’inventent de nouveaux ciels littéraires, à leur image cette fois. 

En ce sens, l’invitation de la Roumanie au Salon du Livre est à la fois un hommage à la forte tradition francophone de ce pays et un applaudissement aux jeunes et moins jeunes écrivains qui nous parlent d’une culture qui est aussi la nôtre, d’une culture européenne. Comme nous exhorte à le faire Cristian Mungiu, étoile montante de la nouvelle vague du cinéma roumain : ne zappez pas, prenez un livre.

18 mars 2013

Le Plume hebdo (du 11 au 17 mars).


Au programme du Plume hebdo, cette semaine, l'élection du nouveau pape, le renouvellement de l'appareil exécutif chinois, la révolte du Parlement européen contre le projet de budget pluriannuel, les hésitations de Nicolas Sarkozy entre la politique et la finance et les huitièmes de finale de Ligue des Champions (parmi tant d'autres actus plus passionnantes les une que les autres !).


INTERNATIONAL

L’Eglise catholique a un nouveau pape. Mercredi 13 mars dans la soirée, après seulement 27 heures de Conclave, les 114 cardinaux réunis dans la Chapelle Sixtine du Vatican sont tombés d’accord quant à l’identité de celui qui prendra la succession de Benoît XVI. Une heure après que la fumée blanche a signifié la fin de leur attente aux milliers de fidèles massés sur la place Saint Pierre, à Rome, le cardinal français Jean-Louis Tauran a annoncé le nom du nouveau pape depuis le balcon de la Basilique Saint Pierre. Il s’agit de Jorge Mario Bergoglio, cardinal argentin de Buenos Aires, qui devient le premier pape jésuite ainsi que le premier latino-américain à accéder à cette charge. En 2005, le cardinal Bergolio avait déjà été le principal adversaire de Joseph Ratzinger. Il a choisi le nom de François en hommage à saint François d’Assise (1182-1226), créateur de l’ordre des franciscains, dont le vœu de pauvreté et l’accent sur l’évangélisation sont deux des fondements. Lors de sa première allocution, le nouveau pape s’est incliné devant les fidèles et leur a demandé leur prière. Cela n’était jamais arrivé.

Le pape François salue les fidèles depuis le balcon de la basilique Saint Pierre.

Vendredi 15 mars, le Vatican a dû publier un communiqué pour tenter de mettre fin à une polémique naissante concernant les éventuels liens entre le nouveau pape et la dictature argentine. Certains accusent François de complicité avec les militaires argentins et ce, notamment dans le cas de deux missionnaires jésuites qui auraient été emprisonnés et torturés sur dénonciation de celui qui a désormais revêtu la charge papale. Le communiqué qualifie de « calomnieuses et diffamatoires » de telles accusations.

Malgré ce léger bémol, l’Argentine a célébré l’élection d’un des siens à la tête de l’Eglise. En début de semaine, l’ordre du jour était pourtant plutôt aux tensions diplomatiques avec le Royaume-Uni. Celui-ci a en effet organisé un référendum auprès de la population des îles Malouines [aussi appelées îles Falkland, ndb] afin de confirmer la volonté de ces habitants de rester britanniques. Ceux-ci ont donc voté, lundi 11 mars, et se sont prononcé pour le maintien dans le giron britannique à une écrasante majorité. Les 1 672 électeurs se sont fortement mobilisés (92% de participation) et ont voté « oui » à 98,8%. Bien que le Premier ministre britannique ait appelé les autorités argentines à tenir compte du résultat de cette consultation citoyenne, celles-ci ont tout de suite dénonce une « tentative de manipulation » de la part de Londres.

De l’autre côté du monde, la Chine a renouvelé son équipe dirigeante au terme d’une transition amorcée de longue date. Xi Jinping a été élu président de la République et a donné, dimanche 17 mars, un premier discours dans lequel il a appelé à une « renaissance de la nation chinoise ». Il a également appelé de ses vœux une armée « forte et disciplinée », alors que la Chine et le Japon sont en froid diplomatique du fait du différend de souveraineté concernant les îles Senkaku [aussi appelées îles Diaoyu par les autorités chinoises, ndb]. Li Keqiang, numéro 2 du parti communiste chinois a, lui, été désigné chef du gouvernement. Ce tandem devrait être reconduit dans cinq ans afin de diriger la République populaire pour une durée totale de dix années.

Le président chinois Xin Jinping  (à gauche) et son Premier ministre Li Keqiang, le 15 mars, à Pékin.

Mercredi 13 mars, le Parlement européen a « rejeté sous sa forme actuelle » le projet de budget sur lequel le Conseil européen était tombé d’accord le 8 février, en adoptant une résolution très critique, par 506 voix contre 161. Le Parlement possède en effet un droit de veto en la matière depuis l'entrée en vigueur du traité de Lisbonne de 2009. Les eurodéputés n’ont toutefois pas remis en cause le montant de l’enveloppe globale, fixé à 960 milliards d'euros pour l'exercice 2014-2020 (ce qui représente 1% du revenu national brut de l’UE). Leurs revendications concernent plutôt une meilleure utilisation des ressources et une modification en profondeur de la façon dont est établi le budget de l’Union. En l'absence d’un accord, les règles de 2013 s’appliqueront pour 2014. Le budget serait donc d’un montant de fait supérieur à celui négocié par les chefs d’États et de gouvernement.

C’est une fois de plus le Mali qui nous permet de faire la transition avec la partie « France » de ce Plume hebdo. L’ONU s’apprête à y mettre en place une opération de maintien de la paix, provisoirement baptisée Minuma (Mission de stabilisation des Nations Unies au Mali), dont l’effectif pourrait aller jusqu’à 10 000 hommes. Les États-Unis ont été les premiers à proposer l’établissement d’une telle opération, car ils n’auraient pas pu débloquer de fonds pour la Misma ??, en vertu d’une loi américaine interdisant l’aide à des gouvernements issus de coups d’État. 

En outre, la guerre que mènent les forces de l’opération Serval sur place a fait une cinquième victime parmi les soldats français. Le caporal de 24 ans est décédé, dimanche 17 mars, suite à la détonation d’un engin explosif lors du passage de son véhicule. Il participait aux opérations de ratissage dans le massif des Ifoghas, au nord du pays. Dans un communiqué, François Hollande a adressé ses condoléances à la famille.


FRANCE

Alors que sa cote de popularité avait repris un peu d’aplomb lors du déclenchement de l’opération, la popularité du président de la République a encore chuté au mois de mars. Selon le baromètre OpinionWay pour Metro/LCI, l'action du chef de l'Etat ne satisfait plus que 31% des Français (-8 points depuis février) pour un total de mécontents qui s'élève désormais à 67%. Cette nouvelle baisse de régime intervient alors que le président de la République souhaite donner un coup d'accélérateur sur le plan législatif. Le sénateur et maire (PS) de Dijon, François Rebsamen, a en effet laissé échapper, lors de son passage du mercredi 13 mars dans l’émission « Questions d’infos » sur LCP, que l'exécutif pourrait bien recourir à des ordonnances afin de couper court à certaines procédures parlementaires. Les ordonnances permettent au gouvernement d'appliquer immédiatement une mesure tandis que l'Assemblée nationale et le Sénat ne leur confèrent une valeur législative que dans un second temps. Pour procéder de cette façon, le gouvernement doit avoir l'autorisation préalable du Parlement, ainsi que le prévoit l'article 38 de la Constitution.

De l’autre côté de l’échiquier politique, c’est Nicolas Sarkozy qui défraie une nouvelle fois la chronique. Après avoir affirmé jeudi 7 mars qu’il pourrait effectuer un retour en politique dans un entretien publié par Valeurs actuelles, l’ancien chef de l’État est désormais évoqué par le Financial Times pour prendre la tête d’un fonds d’investissement qatari. Dans un article publié le 8 mars [accessible sous réserve d'inscription gratuite], le quotidien économique britannique explique que le Qatar a proposé à l’ancien chef d’État d’apporter 500 millions d’euros dans un fonds qui investirait en Espagne, au Maroc et au Brésil.

Pour le ministre de l’Education Vincent Peillon, qui s'exprimait dimanche 17 mars sur les ondes de Radio J, accepter une telle proposition reviendrait à « renoncer à la vie politique » car « quand nous servons des intérêts privés, il est plus difficile de servir des intérêt publics et de donner le sentiment d'une totale indépendance ».

Dimanche 17 mars, également, nous déplorions la disparition du célèbre avocat pénaliste Olivier Metzner. Spécialiste du droit des affaires, il avait notamment défendu Bertrand Cantat, Dominique de Villepin, Jérôme Kerviel et le dictateur et général panaméen Manuel Noriega. Il était l'avocat attitré de nombreux patrons du CAC40, parmi lesquels Martin Bouygues et Jean Marie Messier. Sa renommée, il ne la devait qu'à son activité professionnelle et restait très secret à propos de sa vie personnelle. Seul son amour pour les bons cigares, qu'il fumait régulièrement entre les audiences, était réellement connu de tous. Il se serait suicidé en se jetant à l'eau au large de son île de Boëdic, dans le golfe du Morbihan.

L'avocat pénaliste Olivier Metzner.


SPORT

Suite et fin de l’aventure du Tournoi des Six nations pour l’équipe de France de rugby, qui s’est imposée pour la première fois de la compétition lors de son dernier match. Les Bleus ont battu l’Ecosse 23 à 16, un écart de points trop faible pour qu’ils puissent se hisser hors de la dernière place du Tournoi. Les joueurs, ainsi que le sélectionneur Philippe Saint-André, se sont logiquement réjouis de ce succès mais cela n’enlève rien à la déception d’une équipe en perte de repère qui aurait pu prétendre au titre. 

Grosse semaine pour le football européen : les derniers huitièmes de finale de la Ligue des Champions ont été carrément renversants, puisqu'on y a vu deux clubs espagnols se qualifier après avoir perdu le match aller. Il s'agit du FB Barcelone, qui a supplanté l'AC Milan par 4 buts à 0, et du Malaga CF, qui s'est imposé aux dépens du Porto, 2 buts à 0. Pour les clubs anglais, en revanche, la déception est grande. Arsenal, dernier représentant de la Premier League, a en effet été éliminé par le Bayern Munich malgré une grosse performance : battu 3-1 à l'aller, le club londonien a dominé, par 2 buts à 0, le leader du championnat allemand. 

Le tirage au sort pour les phases finales a eu lieu vendredi 15 mars. Seul club français encore en lice, le PSG devra très vite confirmer qu'il évolue au plus haut niveau européen puisqu'il affrontera rien de moins que le FC Barcelone, l'un des trois clubs espagnols arrivés à ce stade de la compétition. Les deux autres équipes issues de la péninsule ibérique, le Real Madrid et le Malaga CF, se frotteront respectivement au club turc du Galatasaray et au Borussia Dortmund, deuxième au classement de la Bundesliga. La Juventus n'est, quant à elle, pas en reste puisqu'elle écope du leader du championnat allemand, le Bayern Munich. Tous les matches aller auront lieu les 2 et 3 avril. Rendez-vous les 9 et 10 du même mois pour les matches retour.


Toute l'équipe de LPO vous souhaite une bonne semaine en musique !

16 mars 2013

Understanding the “Brexit”.


FR // Le Premier ministre britannique David Cameron a annoncé en janvier dernier qu'en cas de ré-élection en 2015, il proposerait aux citoyens du Royaume-Uni de quitter, ou non, l'Union européenne (EU) via un référendum en 2017. Il s'était pourtant prononcé, pas plus tard qu'en 2011, contre une telle consultation citoyenne. Notre nouvelle journaliste LPO, Fiona Sternenfänger, analyse cette tenace aspiration britannique à une sortie de l'UE [surnommée le Brexit - contraction de Britain/British et exit, ndb]. L'article est en anglais, une bonne occasion de pratiquer la langue de Shakespeare !
ES // El Primer Ministro británico David Cameron declaró en enero pasado que, en caso de volver a ser elegido en 2015, propondría a los ciudadanos del Reino Unido –en el marco de un referéndum en 2017– la posibilidad de salir de la Unión Europea, no obstante haberse declarado, recién en 2011, en contra de semejante consulta ciudadana. Nuestra nueva periodista para LPO, Fiona Sternenfänger, analiza esta situación para que podamos entender mejor estas ansias británicas por salir de la Unión Europea (que llegaron a ser apodadas “el Brexit” –mezcla de Britain/British y exit– ndb). El artículo está en inglés, una buena oportunidad para practicar la lengua de Shakespeare.

Britain and Europe - What to think of Cameron’s announced referendum?

In January 2013, British Prime Minister David Cameron announced that, if re-elected in 2015, he would conduct a referendum by 2017, having the British public vote on whether to leave the European Union. With this step, Cameron has strayed far from his predecessor’s path. Even though euroscepticism has always been strong in Great Britain, no one would even consider the possibility of a “Brexit”, i.e. Britain leaving the European Union (EU), during the Blair and Brown administration. There was simply no alternative to being a member. This time around, however, Cameron and his ministers are putting their foot down, or so it seems. What are the issues?

Reasons given for the UK withdrawal from the European Union

Mr Cameron and his Conservative Party are of the opinion that the political and economic bloc hinders Britain more than it helps. The advantages of free trade in the single market are not sufficient to make them overlook the complicated structures within the Union, its lack of international competitiveness and the ongoing financial crisis. Also, most continental countries tend to lean towards social democratism, with even countries governed by the centre-right going for higher taxes and welfare spending and aiming for a greater control of the markets.

The idea of the United Kingdom moving in that direction, and the EU having a say in Britain’s labour market regulations and legal policies does not seem to go down well with the Tories. They argue that such a close bond with Europe will lead to a decline in Britain’s economic and social freedoms, and opt for strengthening relations with the United States instead. Britain would be the first member state to leave the EU. Cameron’s idea seems to be quite popular with the British public: A recently conducted poll for the Financial Times showed that if asked to vote now, only 33% would prefer the United Kingdom to remain part of the EU. Tony Blair, on the other hand, has sharply criticised his successor’s move, stating that “leaving Europe would be very bad for Britain”.

Cameron’s position

In a speech given at Bloomberg in late January, Mr Cameron was eager to distance himself from radical euroscepticism, stating he would campaign “heart and soul” to stay within the EU, under one condition: that he be able to bargain a deal he considers feasible for the UK. Chancellor George Osborne reinforced the Conservative position, saying: “I very much hope that Britain remains a member of the EU, but in order that we can remain in the European Union, the EU must change.”

David Cameron, UK's Prime minister.

The Conservatives obviously expect concessions from the EU, allowing them to renegotiate from a position of strength. However, Cameron did not state what a solution would look like, or which powers he expects to be returned to the UK. The Prime Minister, being aware that in the UK “disillusionment” with the EU is at an “all-time high” and urged by his own party to take a hard line regarding the EU issue, is gambling to satisfy the sceptics while wanting to remain part of the Union. Cameron has said that he believes in “confronting” the EU “issue” and “not simply hoping a difficult situation will go away”. On the other hand, Ed Miliband, leader of the opposing Labour party, has taken a stance against the referendum, warning against the “huge gamble” and revealing that Cameron had voted against holding a referendum as recently as 2011 and had now only changed his mind because he was "frightened" and had "given in to" his backbenchers. Similarly, former German foreign minister Joschka Fischer has stated that Cameron's move is motivated purely by considerations of party politics and campaign strategy.

Reactions throughout Europe

Whatever the intentions behind it, Cameron's move has sparked discussion throughout the Union, with not everybody reacting as Britain had obviously hoped.

French foreign minister Laurent Fabius stated that Britain could not hope for an “a la carte” membership, choosing only the rules it would like to apply and disregarding others. Although admitting that Britain had certain benefits to offer to Europe, Fabius still insisted that he would definitely not seek to keep Britain from exiting the EU, if they wanted to. President Francois Hollande put the matter in friendlier terms, saying he would not want to UK to leave, but that “being a member of the European Union involves obligations”. In a study conducted by the Parisien-Aujourd'hui, 52% of the French population were in favour of the UK leaving the EU.

Laurent Fabius, the french Minister of Foreign Affairs.

Similar to Fabius, Ex-German Vice Chancellor and Foreign Minister Guido Westerwelle described the UK politics as “cherry-picking”. Gunther Krichbaum, the chair of Germany's European Affairs committee, warned Britain by saying that “you cannot create a political future if you are blackmailing other states”. However, losing Britain as a EU member would not be in Germany's interest either: In terms of economic and financial policy, Germany's position is far more similar to Britain’s, the state being somewhat limited in interfering in the economic process. In the Romance countries, particularly France, government interference in the market is more pronounced. This causes chancellor Angela Merkel to tread carefully in the referendum matter, maybe even seeing a possibility to support Cameron's demand up to a point, as his views are not that far from her own.

As we can see, most of Europe has been quick to criticise Britain's move. Austrian Foreign Minister Michael Spindelegger sees the EU succeeding only "if you pull together in the same direction". Danish Prime Minister Helle Thorning-Schmidt urged that Europe should not be a "help-yourself table".

Even the great transatlantic ally has voiced concern: U.S. Assistant secretary of state for European affairs, Philip Gordon, said of Britain that, “more than most others, its voice within the European Union is essential and critical to the United States”.

Right now, the rest of Europe sounds more annoyed than threatened by Cameron's plans, and not very inclined to enter into negotiations or make any kind of exception for Britain should this referendum indeed come to take place in 2017.

However, as BBC Brussels reporter Chris Morris pointed out, Cameron’s criticism of the EU as something imposed on the people rather than acting on their behalf will probably ring true with protesters in Athens or Madrid against overpowering EU policies. Thus the referendum, whether carried out or not, might still pose a substantial threat to the European idea, planting even more doubts in the minds of those already seeing themselves on the losing side.

13 mars 2013

En République Démocratique du Congo, la paix semble encore lointaine.


Depuis 10 mois, le Nord-Kivu, à l'est de la République Démocratique du Congo (RDC), est le terrain d'extrêmes violences. Des groupes armés, comme le Mouvement du 23 mars (M23), persécutent les populations locales. Plusieurs centaines de milliers de civils ont dû fuir pour échapper aux meurtres, aux enlèvements, aux viols perpétrés par les rebelles. Pour tenter de ramener la paix dans la région, onze chefs d'états africains se sont réunis, dimanche 24 février 2013, à Addis-Abeba, capitale de l'Ethiopie, afin de signer un accord, sous l'égide des Nations Unies. Dans le même temps, des désaccords opposaient les différentes factions du M23. Le groupe rebelle est en pleine scission, ce qui, paradoxalement, ne va pas dans le sens d'une stabilisation de l'est du territoire. L'implosion du mouvement a donné lieu à un regain de violence lors des derniers jours, faisant craindre un enlisement du conflit. 

La communauté internationale souhaite remédier à la crise sécuritaire. 

Onze pays d'Afrique - parmi lesquels le Rwanda et l'Ouganda, accusés par les Nations Unies d'avoir soutenu la rebellion du M23 - ont signé l'accord international de paix pour la RDC. Le texte recouvre deux grands axes ayant pour objectif la stabilisation de l'est du pays, sur les plans sécuritaire et institutionnel. Le premier interdit un quelconque soutien aux rebelles armés ; le second préconise des réformes afin de reprendre le contrôle politique du Nord-Kivu. 

Les Nations Unies projettent également la création d'une force spéciale de 2500 hommes, chargée de lutter contre la rébellion armée. Contrairement aux 17 000 casques bleus envoyés dans le cadre de la Mission de l'Organisation des Nations Unies pour la stabilisation en RD Congo (Monusco), « cette brigade aura un mandat très offensif » (RFI). Autrement dit, il ne s'agirait plus seulement de maintenir la paix en RDC par la simple protection des civils ; il serait question de déloger les rebelles par la force militaire.

Carte de la République Démocratique du Congo. 

L'hypothèse d'une intervention offensive de l'ONU au Nord-Kivu ne fait toutefois pas l'unanimité parmi les pays membres du Conseil de sécurité. Certains pays, comme le Guatemala et le Pakistan, « ont évoqué les risques de représailles contre les Casques bleus tandis que la Russie et la Chine soulevaient des objections "de principe" » (AFP). Ces réticences pourraient ralentir la mise en place du processus de pacification de la région, - du moins, sur le plan militaire - engagé par la signature de l'accord international de paix, et ce, malgré l'urgence de la situation. 

La scission du M23 pourrait compromettre le processus de pacification. 

La signature de l'accord de paix peut permettre d'apaiser les tensions diplomatiques entre la RDC et ses voisins - le Rwanda et l'Ouganda - soupçonnés d'avoir fourni les armes aux rebelles du M23. Il convient néanmoins de se demander si les mesures qu'il prévoit seront suffisantes pour reprendre le contrôle du Nord-Kivu. D'autant que, sur le terrain, la situation sécuritaire et humanitaire n'a de cesse de s'aggraver. Plusieurs combats ont eu lieu ces derniers jours, provoquant la mort d'une cinquantaine de personnes et le déplacement de 3500 habitants (RFI). 

Ce regain de violence s'explique par la scission du M23 en deux branches, militaire et politique. La violence ne vise plus exclusivement les populations locales ; la région est entrain de devenir le terrain d'affrontements entre les différentes factions rebelles issues du M23. « Désormais, les rebelles eux-mêmes se tirent dessus. [...] La ligne de front a donc changé de nature » résume Jeune Afrique sur son site internet. Contrairement à ce que l'on pourrait penser, ces rivalités ne profitent pas aux tentatives de sécurisation du territoire entreprises par les autorités congolaises et les Forces armées de la République Démocratique du Congo (FARDC). Elles alimentent l'insécurité à l'Est, ravivant la crainte d'un enlisement du conflit à l'échelle régionale. 

L'éclatement du M23 pourrait également compromettre la poursuite des pourparlers engagés depuis décembre 2012 à Kampala, capitale de l'Ouganda, entre le gouvernement congolais et le groupe rebelle. Le mouvement s'est divisé en deux camps, respectivement conduits par Bosco Ntaganda et Sultani Makenga. Même si ce dernier envisage la signature d'un accord de paix avec Joseph Kabila, le président congolais, il n'est question d'aucun compromis avec l'autre branche. Ces divergences stratégiques peuvent donc renforcer les tensions existantes entre les factions rivales.

Des soldats du M23. 

Les groupes rebelles armés se multiplient. 

Dans un entretien avec RFI, Kris Berwouts, consultant et analyste sur la RDC, envisage les conséquences de l'implosion du M23. Il évoque une possible « "somalisation" du Kivu », due au « fait que les combats ont lieu entre des groupes et des milices qui sont de plus en plus petits, qui sont de plus en plus difficiles à définir précisément, en termes d’agenda ». Effectivement, l'éclatement du mouvement a ouvert la voie à de nouvelles violences, perpétrées par d'autres groupes rebelles actifs à l'Est. 

C'est le cas de l'Alliance des patriotes pour un Congo libre et souverain (APCLS) qui profite de l'affaiblissement de ce premier pour s'imposer dans la région. Ses miliciens sont des congolais qui combattent notamment le M23. Toutefois, comme le rapporte RFI, l'action de l'APCLS n'est en aucun cas pacifique : « 13 de ses combattants ont violé une femme devant sa famille, pendant que d'autres miliciens en violaient sept autres dans la même localité »

En s'affirmant au détriment du M23, les différentes milices rebelles rendent plus difficile encore la reprise de contrôle de la région par l'armée régulière congolaise. Pour contrer la violence de ces groupes armés, les FARDC auront très probablement besoin de renforts conséquents, aussi bien humains que logistiques. En plus de déloger les rebelles, il faudra mettre en place des mesures afin d'éviter - ou du moins, limiter - le trafic d'armes à l'avenir dans la région, condition indispensable pour qu'elle retrouve sa stabilité. 

La signature de l'accord international de paix pour la RDC n'est que le début du processus de pacification et de restructuration institutionnelle du pays. A mesure que la situation sécuritaire s'aggrave, le nombre de victimes directes ou indirectes augmente. D'où la nécessité d'agir rapidement et de mettre en oeuvre les moyens nécessaires pour éviter la prolifération de groupes rebelles armés susceptibles de s'affronter entre eux, dans une région où les ressources minières demeurent très convoitées. 

11 mars 2013

Le Plume hebdo (du 4 au 10 mars).


« Tu as lu le dernier Plume hebdo ?
- Pas encore ! J'attends de rentrer du boulot le lundi soir, ça me détend en plus d'être si utile.
- Oui, et puis ils ont réussi a tenir le rythme d'un par semaine, je n'y croyais pas au début !
- Moi non plus. Tu sais que j'ai encore épaté mon patron la semaine dernière? Je lui ai expliqué la crise malienne en détail, il n'a rien vu venir.
- Ah, y a pas à dire, ils sont forts chez LPO. »
Et oui, chez LPO, on tient nos promesses. Voici la cinquième édition du Plume hebdo, votre rendez vous hebdomadaire avec l'actu. Au programme, la disparition de l'emblématique président vénézuélien Hugo Chavez, la situation au Mali et le retour de Nicolas Sarkozy sur la scène politique française.


INTERNATIONAL

Sur le plan international, l'actualité la plus frappante a indéniablement été l'annonce de la mort d'Hugo Chavez. Le décès du président vénézuelien des suites d'un cancer contre lequel il luttait depuis deux ans a été annoncé dans la soirée, mardi 5 mars, par son dauphin et vice-président Nicolas Maduro. Le pays a été plongé dans un deuil qui durera officiellement sept jours, alors que l'armée a été déployée pour « accompagner et protéger [le] peuple et garantir la paix »Le décès de M. Chavez a suscité de nombreuses réactions internationales, tant en Amérique Latine - où il a unanimement été salué comme un grand homme -, qu'aux Etats-Unis, où Barack Obama a été plus mesuré. Il s'est en effet contenté de renouveler son « soutien aux Vénézuéliens ».

Un feuilleton politique s'est d'ailleurs achevé aux Etats-Unis. La nomination de John Brennan à la tête de la CIA [Central Intelligence Agency, l'agence centrale du renseignement américaine] a finalement été confirmée par le Sénat jeudi 7 mars, plus de deux mois après sa désignation par M. Obama. Le sénateur républicain, Rand Paul, avait empêché la tenue du vote, la veille, en gardant la parole pendant 12 heures et 51 minutes afin d'exiger une clarification sur l'utilisation de drones sur le territoire américain.

Le président des Etats-Unis, Barack Obama et le nouveau directeur de la CIA, John Brennan.

Au Kenya, le premier tour de l'élection présidentielle, samedi 9 mars, a donné la victoire au vice-président sortant, Uhuru Kenyatta, avec 50,7% des voix (soit une marge de 8400 électeurs seulement). Son principal concurrent et Premier ministre sortant, Raila Odinga, qui a obtenu 43,28% des voix, n'a pas reconnu sa défaite et a dénoncé un scrutin « faussé ». Il a notamment mis en cause la participation bien supérieure à celle des autres élections et la « hausse drastique du nombre d'électeurs survenue dans certaines circonscriptions après la fin officielle de l'enregistrement des électeurs ». M. Odinga devrait saisir la Cour suprême kényane dans la semaine, dont le président, Willy Mutunga, peut ordonner un nouveau décompte des bulletins, un nouveau vote ou bien rejeter le recours du candidat malheureux.

Bien que le président tchadien Idriss Deby ait réaffirmé lundi 4 mars que les deux chefs djihadistes Abou Zeid et Mokhtar Belmokhtar ont été tués dans des combats dans le nord du Mali, la France n'a toujours pas confirmé l'information. Radio France Internationale a publié lundi dans la soirée une photographie de ce qui serait la dépouille de Mokhtar Belmokhtar, mais Paris Match a également diffusé le cliché pris avec un téléphone portable en l'identifiant comme le corps d'Abou Zeid, donnant lieu à une certaine confusion. Affaire à suivre.


FRANCE

Au Mali, toujours, un soldat français est décédé mercredi 6 mars, portant à quatre le nombre de victimes françaises. Le président de la République François Hollande a rendu hommage à cet homme de 37 ans depuis Varsovie où il était en déplacement. Il a par ailleurs annoncé que le retrait des troupes françaises interviendrait à partir d'avril.

Le ministre de la défense Jean-Yves le Drian était sur place le lendemain, jeudi 7 mars. Il s'est rendu dans le massif montagneux des Ifoghas, où les forces françaises et tchadiennes tentent de déloger les islamistes retranchés, avant d'aller saluer les soldats français présents à Gao, la plus grande ville du nord du pays. Il n'y est resté qu'une heure avant de partir pour Bamako, où il a rencontré le président malien par intérim Dioncounda Traoré, ainsi que son Premier ministre, Diango Cissoko.

Alors que l'opération Serval avait bénéficié d'un relatif consensus politique à ses débuts, l'opposition critique de plus en plus la présence française au Mali. Nicolas Sarkozy a d'ailleurs signé son grand retour sur la scène politique en questionnant l'intervention décidée par François Hollande : « Que fait-on là-bas [au Mali] ? Sinon soutenir des putschistes et tenter de contrôler un territoire trois fois grand comme la France avec 4 000 hommes ? ». C'est l'hebdomadaire conservateur Valeurs actuelles qui rapporte ces propos dans son numéro paru jeudi 7 mars.

Nicolas Sarkozy, au Parc des Princes lors de la rencontre PSG-OM du 24 février dernier.

L'ex-président et candidat UMP à l'élection présidentielle de 2012 ne s'est pas contenté de critiquer l'action de M. Hollande. Il a également déclaré qu'en ce qui concerne un éventuel retour à la politique, « il y aura malheureusement un moment où la question ne sera plus : "avez-vous envie ?" mais "aurez-vous le choix ?" [...] Dans ce cas, effectivement, je serai obligé d'y aller. Pas par envie. Par devoir. » Il affirme pourtant ne pas avoir envie de « reprendre la France dans l'état où les socialistes la laisseront ».

Ces déclarations ont globalement suscité l'approbation à droite, l'ancien président étant vu comme un « recours possible pour la droite » par l'ex-ministre de l'éducation Luc Chatel. François Fillon, ancien Premier ministre qui ne fait pas mystère de ses ambitions présidentielles pour 2017, a réaffirmé son « estime » pour M. Sarkozy tout en promettant que l'UMP ne reviendrait pas devant les Français « avec exactement le même projet que celui qui nous a conduits à l'échec ».


SPORT

En Ligue des Champions, le Real Madrid a remporté son match retour face à Manchester United sur un score de 2 buts à 1, se qualifiant par la même occasion pour les quarts de finale. A domicile, les Red Devils avaient pourtant réussi à contrôler le match et ont même mené pendant près d'un quart d'heure après un but de Ramos contre son camp (48'). L'exclusion très sévère de Nani, joueur mancunien, a changé le cours du match puisque les joueurs madrilènes ont réussi à marquer deux buts, coup sur coup, pour finalement s'imposer (Modric 66', Christiano Ronaldo 69').

De son côté, le Paris Saint-Germain s'est également qualifié pour les quarts en obtenant un match nul à domicile face à Valence. Ils avaient en effet battu 2 buts à 1 le club espagnol lors du match aller. La rencontre, gérée prudemment par les Parisiens, n'a pas fait d'étincelles : le Parc des Princes est allé jusqu'à siffler les joueurs pour leur signifier son mécontentement. Le tirage au sort pour les quarts de finales aura lieu le 15 mars.

Notons enfin que l'équipe de France de rugby a réussi à arracher le match nul face à l'Irlande (13-13) et a ainsi interrompu une série de trois défaites lors du Tournoi des Six nations. La France a d'ores et déjà perdu le tournoi mais pourrait ainsi échapper à la fameuse Cuillère de bois, sinistre antitrophée décerné à la dernière équipe du Tournoi.


CULTURE

Quelques mois après que Georges Lucas a cédé la franchise Star Wars aux studios Walt Disney et que ceux-ci ont annoncé vouloir ajouter une troisième trilogie à la saga interstellaire, les informations continuent d'arriver au compte-goutte. Après avoir découvert l'identité du scénariste (Michael Arndt) et celle du réalisateur (J. J. Abrams) de l'épisode VII (le premier film de cette nouvelle trilogie, qui devrait faire son apparition dans les salles en 2015), les fans peuvent désormais remercier Georges Lucas, qui a inopinément révélé que les acteurs Mark Hamill, Carrie Fisher et Harrison Ford pourraient bien reprendre leurs rôles (respectivement Luke Skywalker, la princesse Leia et Han Solo).


Pour vous souhaiter une bonne semaine en musique, voici un morceau sélectionné par notre cher chroniqueur musical !